La Reine des Damnés par FlorianneB
Ce film est à lui seul l'emblème de la transposition livre - film complètement massacrante. Pour se faire un avis sur le film, il y a deux points de vue. Soit on a lu le(s) livre(s), et c'est un carnage, soit on ne le(s) a pas lu, et on peut être à même de juger le film juste pour le film.
Malheureusement, moi je les ai lu, les livres. La Reine des damnés de Michael Rymer se dit être basé sur les Chroniques des vampires d'Anne Rice, à savoir, si je ne m'abuse, de Lestat le Vampire et de La Reine des damnés (principalement). Concrètement, ayant lu les livres, je me demande bien ce qu'il en a retenu, ou s'il a bien lu la même chose que moi. Que de raccourcis et d'incohérences totales dans ce film... C'est simple, c'est un grand mélange de n'importe quoi. On veut nous placer le début de Lestat le Vampire (son réveil, le groupe de rock...), et d'autres éléments, sa création, sa rencontre avec Marius, sa rencontre avec Akasha et Enkil... et des éléments de la Reine des damnés, son enlèvement par Akasha, la présence de Jessie, la réunion des vampires pour détruire Akasha, l'histoire de Maharet... Mais tous ces éléments sont détournés.
A y regarder, je ne saurai dire quel est le livre que Michael Rymer insulte le plus, en occultant et massacrant de superbes passages. Je pense qu'il s'agit tout de même de la Reine des damnés, où l'histoire des jumelles Maharet et Mekare et des raisons de leurs griefs avec Akasha sont tout bonnement piétinés. Leur histoire, boulversante mais très riche, est vulgarisée au possible ici. D'ailleurs, Michael Rymer n'a même pas pris la peine de mentionner Mekare, qui est tout de même celle qui tue Akasha à la fin du livre. Mais passons.
Sans entrer plus avant dans les détails et sans faire une liste exhaustive de ce qui ne va pas (ce serait trop long), cette transposition est à mon avis plus insultante qu'autre chose. Les acteurs ne sont pas bien choisis et ne correspondent pas aux descriptions des livres. Pardon pour le magnifique Stuart Townsend (que j'affectionne pourtant), mais Lestat n'a jamais été brun, hein. Seule une actrice se démarque du lot, et est simplement parfaite : feue Aaliyah, sublime en Akasha, envoûtante au possible, menaçante, forte et fragile, marbre brûlant. Mention spéciale à la transposition à l'écran des statues des deux souverains, qui parviennent à mon sens à retranscrire leur concept singulier.
Néanmoins, parmi ce fiasco, on peut tout de même relever la très bonne bande originale, qui, certes ne collerait pas forcément aux livres, mais qui ponctue le film de très bons morceaux, ce qui arrive à cacher légèrement la médiocrité de ce dernier et à donner une ambiance.
De mon point de vue, ce film est un carnage et un massacre littéraire, et je doute fortement que le spectateur qui ne connait pas les livres puisse comprendre le film. Parfois j'arrive à oublier un peu les livres et à regarder le film pour ce qu'il est, mais je le confesse, c'est surtout pour la musique, Aaliyah, Stuart Townsend et Vincent Pérez (pas tellement à son avantage avec des crocs, il faut le signaler).