Après le remarquable Entretien avec un vampire, cette nouvelle adaptation des mésaventures de Lestat le vampire s'avère plus que décevante. Outre les nombreux changements d'équipe technique, de casting et de production, c'est surtout un changement de ton qui nuit au film. Nous basculons du conte fantastique poétique au n'importe quoi gothico-clippesque, épaulé par d'innombrables effets visuels excessifs et franchement hideux. Agrémenté d'une musique metal certes glauque et tendance (composée par Jonathan Davis du groupe KoЯn, un travail admirable), le long-métrage se voit hélas phagocyté par cette même musique, en faisant une surexposition inutile et grotesque.
L'interprétation est quant à elle minable, en témoigne le jeu du fadasse Stuart Townsend (piètre remplaçant de Tom Cruise), côtoyant un Vincent Perez à côté de la plaque et surtout une improbable Aaliyah, la chanteuse R'n'B étant à peine crédible dans le rôle-titre (une jolie erreur de casting). Vient en dernier point (négatif) le scénario, d'une simplicité désarmante : combinant des éléments de "Lestat le Vampire" alliés à une vague fidélité auprès de "La Reine des Damnés", l'histoire se révèle être retranscrite à son minimum, les scénaristes privilégiant l'action et la romance cheap, faisant du film une simple et médiocre série B.
Faisant fi du copieux passé de Lestat, Marius et surtout des fameuses origines de la race vampirique instaurées par Anne Rice, La Reine des Damnés n'est au final qu'un produit marketing d'une heure trente destiné avant tout non pas aux fans des romans mais bel et bien à un public adolescent avide d'effets spéciaux, de musique tonitruante et d'effets clippesques outranciers. Après avoir vu Entretien avec un vampire, on ne peut donc qu'être déçu à la vue de cette "suite" ratée et sans imagination, débordante de bons sentiments mais à l'incapacité de proposer quelque chose de clairement passionnant. Nous passons donc du très bon au très mauvais et ce, en l'espace de quelques années. Dommage.