La Reine des Neiges est l'avant-dernière œuvre réalisée par Lev Atamanov, film qui lui vaudra d'ailleurs un bel accueil critique, puisqu'il remporte un lion d'or au festival de Venise l'année de sa sortie dans la catégorie animation.
Il faut admettre qu'il est difficile de faire la fine bouche face à cette adaptation du conte d'Andersen. Techniquement sans être l'un des plus beaux films d'animation jamais réalisé, la direction artistique est de haut niveau. Un style qui par moment rappel la patte plus si unique de Paul Grimault, très présente par le biais des personnages secondaires : comme les gardes du château qui ressemblent comme deux gouttes d'eau au chef de la police dans le Roi et L'Oiseau, ou encore l'apparition des deux corbeaux. J'oubliais nos deux tourtereaux (Gerda et Kay) qui sont un portrait disons plus juvénile du Ramoneur et de la petite Bergère. Bref, les exemples ne manquent pas et je vous invite à le découvrir au plus vite.
Malgré un style et une animation convaincante, certains jeux et effets me semblent inutiles et limite prétentieux. Chose très lisible au début du film quand après l'introduction qui rappel sans contexte celle de Pinocchio (un petit gros à la place de Jiminy, on avance la caméra en face et non pas sur le côté et le tour est joué), dans ce passage, on traverse grâce à une caméra subjective une sorte de forêt pour ensuite survoler une ville sans vie... Cette scène fait un peu trop m'as-tu vu, vraiment dommage... La réussite de cette scène aurait été complète en donnant un minimum de chaleur et de nuance à cette ville fantôme. Après tout, c'est dans le palais des glaces de la Reine Neiges que cette ambiance et jeu auraient été judicieux. Erreur qu'on ne rencontrera qu'une seule fois, avec des effets par la suite relativement discrets et bien vus.
Concernant le récit, il ne souffre d'aucuns temps morts, sauf peut-être le retour inutile de notre bouffi de narrateur qui à mes yeux ne sert strictement à rien. On commence véritablement à dévorer ce conte dès lors que Gerda et Kay sont séparés par la puissante, mais tristement seule Reine des Neiges. Intérêt naissant par la recherche de Kay par Gerda, qui nous permet surtout de voyager et également de découvrir de nouveaux paysages et personnages. Atouts qui permettent à Atamanov de changer d'ambiance, et varier le rythme de son histoire. Chose qui pour notre plus grand plaisir maîtrisera jusqu'au bout.
Cette adaptation plus classique de la Reine des Neiges est l'un des exemples qui permet de constater le fossé qu'il existe entre le cinéma d'animation de cette époque et le contemporain. Le plus simple reste bien entendu de le confronter à Frozen de Disney, qui représente parfaitement l'idéologie de notre époque : pur divertissement, une plastique sans âme et des chansons complètement décalées du récit (effet clip).