Gene Tierney's Eyes
Par son rythme mollasson, sa mise en scène impersonnelle et son scénario aux airs de déjà vu (et qui fait un peu "Autant En Emporte Le Vent" du pauvre), ce western n'aurait pas mérité plus de 5...
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le 31 janv. 2011
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"La reine des rebelles" ou "Belle Star" est un western qui me pose problème.
Mais d'abord, allons dans l'ordre :
"La reine des rebelles" est un western réalisé en 1941 par Irving Cummings dont ce n'est pas la spécialité. Il fait plutôt dans la comédie musicale. Ce n'est pas du tout un problème, bien au contraire, l'œil neuf peut apporter un regard intéressant.
Le scénario raconte l'histoire d'une femme de convictions sudistes inébranlables qui refuse la défaite en particulier à cause de la pendaison ignominieuse de son père par les nordistes. Cette femme reprend la lutte (sous forme de guérilla) avec Sam Star, un sudiste convaincu, contre l'ennemi nordiste. Mais peu à peu, des bandits comme les frères Cole rejoignent la bande et les objectifs initiaux évoluent. La bande armée se met à commettre des exactions et des hold-up à but très crapuleux. Et Belle Star s'en rend compte, n'est pas d'accord et cherche alors à s'en détacher.
Sauf que dans la réalité, Belle Star était tout bonnement une hors-la-loi qui s'associait avec d'autres hors-la-loi comme les frères Cole. Sam Star, son mari, est tué et elle lui survit. Et les convictions politiques, s'il y en avait, avaient bon dos. Le scénario est donc très romancé et arrangé. Ce n'est pas forcément encore un problème.
Là où je tique un peu plus, c'est sur la direction générale prise peu à peu par le film.
Dans la séquence d'ouverture, on voit un paysan noir et sa fille labourer un champ contigu à une maison en ruine, donc très postérieurement à l'histoire racontée dans le film. La petite fille déterre une poupée à moitié calcinée. Et le paysan commence à lui raconter l'histoire de Belle en lui disant que c'est une légende. A quoi la petite fille demande : qu'est-ce qu'une légende ? et la réponse est : c'est le meilleur côté d'une histoire.
La réponse me convient car elle laisse planer le doute sur la tonalité générale à venir en laissant entendre que la vérité n'est peut-être pas aussi reluisante que ne le laisse entendre la légende.
Ce qui en revanche ne me convient pas est l'accent (auquel je ne sais pas donner un nom) attribué à tous les noirs du film (comme souvent avant-guerre) qui ne prononcent pas certaines consonnes comme en particulier les "r". Il n'y a rien de tel pour m'agacer prodigieusement…
Suite à cette scène d'introduction, la tonalité générale du western va tourner vers une préférence de plus en plus marquée pour les sudistes malgré quelques passages où le scénariste éprouve quand même le besoin de glisser un doute dans l'esprit de Belle sur la finalité d'un combat très douteux contraire à ses propres convictions de départ. Il y a les interventions du frère de Belle mais aussi certaines images où on voit la bande pousser à coups de flingues des familles de noirs hors de l'état du Missouri.
Mais la conclusion du film, qui n'en finit pas, est désarmante de candeur et d'une tristesse qui semble décalée tant le spectateur (que je suis) n'éprouve guère d'empathie pour les personnages.
En effet, même au cinéma, je n'arrive pas bien à me convaincre du bien-fondé du fanatisme, car il faut bien à un moment donné appeler les choses par leur nom. Et surtout dans ce film où le fanatisme cache, en plus, des actes de pur brigandage ou de racisme.
Alors conclure le film pendant dix bonnes minutes pour faire un mythe de Belle Star et pour la rendre immortelle ! Bôf.
Alors pourquoi ce film me pose tant problème ?
Eh bien pour plusieurs autres raisons.
C'est un film en technicolor plutôt bien tourné, avec de belles images et des scènes magnifiques.
Par exemple, la scène - signifiante - où on voit Belle et Sam à contre-jour et où Belle a de sérieux doutes sur les convictions de Sam et sur l'évolution des objectifs de la bande. Ou encore la scène de l'agonie du frère de Belle. Et, soyons honnêtes, il y en a pas mal d'autres.
Mais surtout, le film dispose d'un casting de rêve !
Sam Star c'est Randolph Scott, égal à lui-même, un peu taiseux, un peu énigmatique. Pas si à l'aise dans son rôle. Mais c'est Randolph Scott.
Belle, c'est Gene Tierney qui est si impressionnante et "belle" (c'est le cas de le dire) dans "l'aventure de Madame Muir" ou dans "Laura". Ici elle passe son temps à minauder, à rouler des yeux, à arrondir sa bouche "en cul de poule". On se demande bien ce que Randolph Scott peut bien lui trouver. Un vrai massacre. Quel gaspillage de talent !
Dana Andrews, qui joue ici le rôle d'un officier nordiste et surtout ami d'enfance de Belle, a un rôle finalement assez effacé. Il méritait mieux.
Les seuls qui tirent vraiment leurs épingles du jeu et sauvent ce film de la noyade sont le frère de Belle joué par Shepperd Strudwick et Mamy Lou jouée par la toujours étonnante Louise Beavers.
Et la note alors ? En dessous de la moyenne, il ne peut pas en être autrement : à cause de l'accent des noirs et la tonalité générale du film.
Compte-tenu de certains personnages, de certaines scènes et d'une réalisation (technique) plutôt réussie, je monte la note jusqu'à 4...
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