Loin, très loin des visions idylliques des Barbie Sissi ou Angélique et de l'esprit romantico-chevaleresque, "La Reine Margot" est une immersion intense et brutale dans la royauté du XVIème siècle. A la veille de la Saint-Barthélémy, Marguerite "Margot" de Valois, soeur du roi catholique Charles IX, est contrainte d'épouser Henri de Navarre (futur Henri IV). Cette union politique est organisée dans le but d'apaiser les tensions entre cathos et protestants et d'unir la France. Margot est l'instrument de sa machiavélique mère Catherine de Médicis qui manipule tout autant ses propres fils. La jeune mariée qui a pour amants, entre autre, ses propres frères, s'amourache du comte de la Môle, un valeureux protestant qui lui fait découvrir la jouissance, contre un mur, lors de sa lune de miel, à quelques heures du massacre de la saint-Barthélémy...

"La Reine Margot" est un chaudron bouillonnant d'aventure, de trahison, de passion, de drame, de sexe...recouvert de sang dans un climat perpétuellement sordide. La soif du pouvoir et les meurtres perpétrés sous couvert d'une légitimité religieuse sont aux antipodes des images œcuméniques et communément lissées.

Patrice Chéreau s'est inspiré du roman d'Alexandre Dumas mais aussi de "Massacre At Paris" (1593) du dramaturge anglais Christopher Marlowe. L'oeuvre de Chéreau est à la fois baroque et gothique, l'ambiance est continuellement sombre et malsaine dans des décors dépourvus de dorures ou d'habillages clinquants.

Le réalisateur bénéficie d'un casting de haute-volée qu'il pousse vers des interprétations unanimement époustouflantes (Isabelle Adjani, Jean-Hugues Anglade, Daniel Auteuil, Vincent Perez, Pascal Greggory, Dominique Blanc, Virna Lisi...jusqu'aux débutantes Asia Argento ou Valeria Bruni-Tedeschi) offrant une puissante intensité dramatique jamais surjouée ou trop théâtralisée. Comme pour confirmer leurs performances, Virna "Medicis" Lisi décrocha un prix d'interprétation à Cannes puis un César le même soir que "Charles IX" Anglade et "Margot" Adjani. Pas un seul rôle (des principaux au plus courts) de cette ribambelle d'acteurs ne détonne, tant chacun est au diapason des autres.

Le massacre nocturne de la saint-Barth' est d'un réalisme morbide que ne renierait pas bon nombre de réalisateurs de films d'horreur : des corps nus éviscérés, empalés, des gorges tranchées et abondamment giclantes, des tapis de cadavres gisant dans le sang dans les rues de Paris puis livrés par charrettes vers des fosses communes... Symbolisé par l'affiche du film, le sang est la couleur dominante du film par lequel tous les protagonistes sont éclaboussés ou pataugent dedans.

Et je l'avoue, je me confesse : durant 160mn j'ai été envoûté par l'indécente beauté d'Isabelle Adjani, ses incandescents yeux bleus, sa bouche gourmande et son corps vallonné !...
Lazein
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le 28 oct. 2013

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Laz' eïn

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