Capable du pire comme du... moins pire, Joe d'Amato surprend parfois en bien, même lorsqu'on ne l'attend pas. Dans La Retape par exemple, film érotique de 1985 (oui, ça fait déjà peur en soi), il montre une réelle maîtrise du huis-clos, déjà exercée plus tôt - Blue Holocaust ou Emmanuelle et Françoise en sont de bons exemples. Un officier fasciste ramène à sa bourgeoise de femme une splendide esclave d'Abyssinie, où il était en mission. D'abord mal accueillie, Zerbal va se faire une place prépondérante dans le manoir à grands coups de... bon principalement à grands coups de langue en fait. Spoiler alert : cette histoire finit mal.
Relativement bien filmé, pas trop mal interprété (le non-jeu habituel de Laura Gemser fonctionne bien avec son personnage énigmatique), bien éclairé (ça c'est plutôt une habitude chez d'Amato), La Retape est une belle démonstration de ce qu'on peut faire avec un décor, un contexte historique inhabituel et assez bien exploité, et 5 ou 6 acteurs. Habilement mené, ponctué de scènes érotiques bien vues et pas trop envahissantes, La Retape prend un tournant glauque et dramatique dans sa dernière minute, lorsque Al Cliver, le chef de famille, se décide à tourner un film qui est en fait un piège pour l'un des personnages. Une mise en abyme du cinéma de d'Amato, comme il aime à en saupoudrer sa filmographie. Sournoise, la scène finale, en forme de bûcher sacrificiel, indique que la morale est sauve... du moins pour les salauds.
Joe d'Amato maîtrise parfaitement la formule, et délivre un film assez noir et troublant pour être digne d'intérêt, à voir absolument dans sa VF, ordurière à souhait.