Est-ce que c'est cliché ? Oui. Est-ce que c'est un guilty pleasure ? Oui. Est-ce que ça en fait un mauvais film pour autant ? Pas si sûr.
Évidemment, Legally Blonde est critiquable sur bien des aspects – le film est bien souvent irréaliste, caricatural et entretient dès le départ les grands clichés d'un film « de fille » : une héroïne blonde et à la mode, qui veut récupérer son ex, et dont la rivale est la fiancée de ce dernier.
Mais Elle Woods vaut mieux que ça. D'ailleurs, dès le début du film, elle fait preuve d'intelligence en remettant en place une vendeuse qui veut l'arnaquer : on aperçoit déjà une jeune femme qui a confiance en elle et qui sait utiliser son savoir (qui peut sembler futile) à bon escient. On se rend vite compte qu'on est pas tant face à une fille à papa que ce que l'on pouvait penser.
La rivalité entre Elle et Vivian n'est due qu'à Warner, qui se révèle être un bon-à-rien malgré ses apparences de jeune homme sérieux et ambitieux (et qui se révèle être bien plus pistonné qu'Elle puisque c'est son père qui a contacté Harvard pour qu'il puisse être admis !).
Au final Elle fait preuve de sororité tout au long du film. C'est un personnage profondément bienveillant (profondément manichéen aussi, je le concède) qui réussit malgré les apparences. On a enfin un film « pour fille » qui n'a pas une héroïne not like other girls, qui assume d'aimer le rose, d'avoir un chihuahua, et de connaître par cœur les composants des permanentes. Non seulement elle aide les autres filles (même celles envers lesquelles elle a des a priori), mais en plus, elle se fait aider par une de ses profs qui commence par la détester puis finit par voir son potentiel.
Je trouve aussi qu'il est important de représenter les abus du droit et j'ai trouvé que c'était très bien fait avec le personnage de Callaghan, un connard sexiste sous toutes les coutures – c'est d'ailleurs ce qui l'empêche de gagner la confiance de sa cliente et son affaire par la même occasion. (Have the confidence of a mediocre white man, they say!) La scène de « proposition sexuelle » est bien amenée, cohérente et elle devient un moyen pour l'héroïne de regagner confiance en elle, ce qui est rare mais fait du bien à voir : non, toutes les femmes qui subissent des agressions ne sont pas abattues ou détruites de l'intérieur.
Même si c'est un peu un film de white feminist, ça fait du bien de voir de la vraie sororité, de la vraie bienveillance, et pas une diabolisation du rose et de la mode. Enfin une héroïne qui réussit tout en rentrant dans toutes les cases de la « vraie fille ». Comme quoi, s'habiller en rose n'empêche pas d'être brillante.