Ni trop, ni trop peu. Sobre et efficace. Voilà comment répandre en quelques mots l'essence sur un feu qui brûle de passions humaines. La révélation joue sur l'illusion du vrai pour équilibrer son histoire autour d'un format idéal qui ne saute pas à la gorge du spectateur pour lui extorquer quelques soupirs de lassitude. Et pourtant, quelques longueurs peuvent tout de même se ressentir, notamment lorsqu'un vocabulaire juridique peut prendre le pas sur l'attention dispersée du voyeur.
Instruit par une instruction verrouillée de l'intérieur par un système vérolé jusqu'au trognon, la Justice s'exerce en autarcie comme en toute impunité. Ou presque, car c'est sans compter sur la témérité d'une femme de loi qui va prendre corps et âme la défense de témoins d'un massacre perpétré en Bosnie et que la sacro-sainte diplomatie internationale préférerait taire. Combat de tous les instants, à l'image de ces brefs moments de tensions et d'imprévus malheureusement concentrés pour la plupart dans la bande-annonce. Cela ne gâche cependant en rien le plaisir et on aurait tort de bouder un mets si délicat duquel on ne sort pas de table repus et abruti, mais alerte et élevé. Et ce même si comme j'ai déjà pu le souligner la matière pénale peut parfois sembler lourde ; ce jargon sous-titré qui s'enchaîne pour nous combler dans l'illusion du vrai n'aidant pas outre mesure. Mais on imputera la faute à cette heure tardive à laquelle m'a été dévoilé ce thriller captivant.
Trêve de pédanterie, travers commun de la langue de bois pour noyer le poisson amorphe et exsangue (que je suis), il ne s'agit pas de résumer le film pour ce qu'il est, mais plus pour ce qu'on y ressent. Et j'ai éprouvé de l'intérêt à découvrir un film intelligent et « digne » qui se révèle assez équilibré pour ne pas prendre le spectateur de haut ni l'infantiliser. Alors si le constat est positif et que le chef marmiton valide la recette, pourquoi s'étendre ?