On frôle l’aridité narrative dans ce film, tellement la fiction est linéaire et le réalisme est froid et intellectuel, tout à fait nordique diront les mauvaise langues. La beauté du paysage, (Suisse, Serbie), fait guide touristique architectural, et ce n’est pas plus mal, ça contraste avec la gravité du propos, (il s‘agit de juger un criminel de guerre). On abandonne vite l’individu pour nous décrire les difficultés de madame le procureur face aux tracasseries administratives. Or n’importe qui, qui a été ne serait-ce qu’une fois à la poste faire une petite réclamation, sait que l’administration c’est un bordel. Le scénario suit la trame du procès qu’on n’arrive pas à boucler, c’est austère et sans rebondissements étranges. La deuxième héroïne est mise de côté. L’actrice principale a du mérite, elle insuffle de la vie à des situations qui n’en ont pas, elle est tout en nuances et subtilité. Sans elle, ç’aurait été un plaidoyer froid et ennuyeux. Cela rappelle les meilleurs films politiques des années 70, avec l’odeur de soufre en moins, et la distance prudente du cinéaste en plus, sûrement un reliquat de la chute des idéologies de 30 dernières années. Avis aux amateurs de sujets sérieux traités sérieusement. Et puis cette lumière crue, limite surexposition, dans laquelle baigne tout le temps les personnages ça veut dire quoi au juste? J’espère que ça ne veut pas suggérer la lumière de la vérité qui éclaire la scène du crime ou une bêtise de ce genre. Hyperréaliste à ce point ça friserait le pseudo-documentaire, et donc la propagande de gratte papier, attention…