A l'image du milieu qu'elle filme, la caméra de Dominique Marchais n'a de cesse de cheminer, à ras d'eau ou tel un oiseau de rivière, légèrement surplombante, contemplative d'un état du paysage, surprenante d'un coup, quand elle prend un virage inattendu en plein champs ou quand elle remonte jusqu'aux malheureux glaciers atrophiés, source des gaves pyrénéens, véritables protagonistes du film.
Les autres, les personnes interrogées, rencontrées, abordées comme des affluents, toujours avec douceur et respect, la caméra prenant le temps de l'approche, nous feront sentir, à nous humaines et humains, ces émotions particulières que sont la nostalgie, la lassitude, la combattivité ou la colère devant une biodiversité malmenée par les activités de nos sociétés régies par les profits économiques. Mais derrière, pourtant, se laisse voir, un amour profond pour ce que l'on peut oser encore appeler un bout de nature et ce qui le compose : truites, courant, caillou, plantes, haies, insectes...
Le cri des saumons, sous l'eau, inaudible aux oreilles volontairement bouchées des politiques et des lobbies peut enfin devenir une bulle éclatant à la surface de l'eau. Un ploc comme une note d'espoir, à la façon dont termine subtilement le documentaire : la nuit, au bord de la rivière, devant un piège lumineux, un entomologiste constate la présence d'un papillon habituellement peu présent, comme la promesse d'une résilience, comme une luciole dans la nuit.