En phase avec certains commentaires relevant le style visuel employé renvoyant à la fin années 50, et surtout la remarquable spatialisation de l'action, qu'elle provienne du découpage - très fluide- ou de la valorisation des perspectives dans le champ. Récit d'apprentissage croisé, par le biais d'une amitié d'enfance. Nobuo découvrira la cruauté et l'injustice au contact de son camarade (initiée par l'accident hugolien avec le cheval). Ce dernier goutera passagèrement à l'accueil chaleureux du foyer familial, structuré par le couple parental. Riche en péripéties, un regard soigneusement à hauteur d'enfant - au passage, on songe naturellement au "Petit fugitif" durant la fête, où Kiichan pense d'abord à se nourrir tandis que son copain préfère réserver l'argent de poche au jeu ! Un pathos légèrement trop appuyé, durant la séquence à l'hôpital par exemple ou lorsque le père ému sollicite la suite du chant lyrique remémorant la guerre (l'écoute de la première partie le montrait accablé, à juste titre, son attitude change ensuite de registre, étrangement enthousiaste !?). De même on pourra regretter le regard échangé* entre Nobuo et la femme-d'en-face se trouvant accompagnée d'un client à l'autre bout du bâteau (le râle de jouissance entendu hors champ à peine plus tôt, aurait insufflé plus d'étoffe). Il n'en reste pas moins que l'histoire témoigne en substance des sombres années 50 au Japon, avec beaucoup d'humanisme.
7,5/10
(*) La scène fait suite à une expérience cruelle sur des crabes. L'échange de regard qui suit relève-t'il d' une scène primitive freudienne, à savoir un premier contact avec la sexualité parentale (Nobuo avait antérieurement comparé cette femme en aparté à sa mère) , ou l'occasion déjà adulte d'une prise de conscience de la misère, conduisant un être à perdre sa dignité pour survivre ?