Se sentir en vie secouée par les vagues

En phase avec certains commentaires relevant le style visuel employé renvoyant à la fin années 50, et surtout la remarquable spatialisation de l'action, qu'elle provienne du découpage - très fluide- ou de la valorisation des perspectives dans le champ. Récit d'apprentissage croisé, par le biais d'une amitié d'enfance. Nobuo découvrira la cruauté et l'injustice au contact de son camarade (initiée par l'accident hugolien avec le cheval). Ce dernier goutera passagèrement à l'accueil chaleureux du foyer familial, structuré par le couple parental. Riche en péripéties, un regard soigneusement à hauteur d'enfant - au passage, on songe naturellement au "Petit fugitif" durant la fête, où Kiichan pense d'abord à se nourrir tandis que son copain préfère réserver l'argent de poche au jeu ! Un pathos légèrement trop appuyé, durant la séquence à l'hôpital par exemple ou lorsque le père ému sollicite la suite du chant lyrique remémorant la guerre (l'écoute de la première partie le montrait accablé, à juste titre, son attitude change ensuite de registre, étrangement enthousiaste !?). De même on pourra regretter le regard échangé* entre Nobuo et la femme-d'en-face se trouvant accompagnée d'un client à l'autre bout du bâteau (le râle de jouissance entendu hors champ à peine plus tôt, aurait insufflé plus d'étoffe). Il n'en reste pas moins que l'histoire témoigne en substance des sombres années 50 au Japon, avec beaucoup d'humanisme.

7,5/10

(*) La scène fait suite à une expérience cruelle sur des crabes. L'échange de regard qui suit relève-t'il d' une scène primitive freudienne, à savoir un premier contact avec la sexualité parentale (Nobuo avait antérieurement comparé cette femme en aparté à sa mère) , ou l'occasion déjà adulte d'une prise de conscience de la misère, conduisant un être à perdre sa dignité pour survivre ?

Flip_per
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Enfance, Guerre et conséquences, Misère, Marginalité et Film japonais

Créée

le 25 avr. 2024

Modifiée

le 25 avr. 2024

Critique lue 7 fois

1 j'aime

Flip_per

Écrit par

Critique lue 7 fois

1

D'autres avis sur La Rivière de boue

La Rivière de boue
Flip_per
7

Se sentir en vie secouée par les vagues

En phase avec certains commentaires relevant le style visuel employé renvoyant à la fin années 50, et surtout la remarquable spatialisation de l'action, qu'elle provienne du découpage - très fluide-...

le 25 avr. 2024

1 j'aime

Du même critique

Pure Coolness
Flip_per
6

Critique de Pure Coolness par Flip_per

La tournure de cette comédie est finement menée, son écriture précise et équilibrée. Elle mets en dérision une certaine tradition patriarcale et plus généralement la posture masculine machiste dans...

le 24 juin 2024

1 j'aime

Orine, la proscrite
Flip_per
7

Critique de Orine, la proscrite par Flip_per

Tragédie mizoguchienne mettant en scène un monde aux conventions sociales rigides, aliénantes et mortifères, plus impitoyables encore à l'égard du petit peuple: une sexualité féminine entravée, des...

le 16 juin 2024

1 j'aime

Still Life
Flip_per
7

Tic-tac

Texte minimaliste et mise en scène épurée portant un regard d'entomologiste sur un couple de provinciaux, fonctionnaires en fin carrière, exclus du progrès dont bénéficie les citadins, traités sans...

le 10 juin 2024

1 j'aime