La Ronde par Samu-L

Derrière son aspect charmant, enchanteur et délicieusement désuet, la ronde est un film totalement désabusé et cynique sur le sentiment amoureux. Le propos du film m'a beaucoup plu, et, je dois dire que cette ronde d'amoureux qui tour à tour se trouvent et se quittent avant de retomber sur un autre amant, une autre maîtresse dans un grand mouvement perpétuel m'a beaucoup amusé. Il faut dire qu'arrivé à un certain âge on s'amuse de la triste vérité. Donc j'aime déjà ce film pour sa totale honnêteté, ça vous change des comédies romantiques à deux sous. Ajoutez à cela la grande finesse des dialogues, et les clins d'oeil répétés d'Ophuls via son "maître de jeu" à son travail de réalisateur et de scénariste, et vous pourrez difficilement ne pas apprécier ce film à sa juste valeur. Il faut encore ajouter une réalisation maîtrisée, remplie d'excellentes idées, ainsi qu'une structure de l'intrigue débutant par la prostituée et le soldat et passant par tout le spectre de la société jusqu'au comte qui se retrouve avec la prostituée à nouveau, qui ajoute encore à l'intelligence de l'ensemble et sert également de critique à peine déguisée des classes sociales (la phrase de clôture du meneur de jeu: "il aurait été dommage que ces deux là ne se saluent pas" pleine d'ironie, veut tout dire). Donc un film excellent, que je vous conseille.

Après tant de compliments, vous allez me demander pourquoi ne pas accorder plus que cela à ce film. Tout simplement car je l'ai apprécié avec ma tête plus qu'avec mes tripes et qu'il ne m'a pas vraiment transporté. Ce film est comme une de ces blague fine et intelligente qui vous reste dans la tête, vous laissant toujours un petit sourire au coin des lèvres mais sans jamais vous faire éclater de rire. Et sans vouloir faire de l'humour mal placé, il m'a semblé que cette ronde d'une heure et demie tournait un peu en rond à certains moments.

Je ne vais tout de même pas bouder le plaisir que j'ai eu à regarder ce film et le plaisir que j'aurais à le regarder à nouveau à l'avenir. Je dirais simplement que je ne le regarderais pas "en boucle".