La Ronde, oui, ça représente pour moi ce que j'aime dans le cinéma : un pur moment d'évasion et de plaisir. Mille fois oui.

Cette introduction qui nous montre un peu l'envers des décors, passant d'un plateau de cinéma à ce qui sera la Vienne théâtre des différents sketchs de ce film, passant du jour à la nuit au gré des pas du réalisateur, Max Ophüls, en maître de cérémonie espiègle et taquin.

Et le réalisateur intervient régulièrement, dirigeant non pas ses acteurs mais ses personnages d'un lieu à l'autre, remontant le temps lorsque cela s'avère nécessaire au bout déroulement de l'histoire. Quelles histoires d'ailleurs ? De légers libertinages, un jeune-homme avec une femme mariée, cette dernière et son époux, celui-ci lui rendant son infidélité avec une jeune-femme qui l'abandonne pour se jeter dans les bras d'un poète, poète enamouré d'une actrice qui elle... Bon stop, vous avez saisi. C'est léger, cynique, peu optimiste quand aux chances de durer de l'amour mais en même temps intelligent (ces dialogues ciselés !), agréable à suivre et finalement... si vrai !

Quand je dis que c'est le cinéma que j'aime, c'est qu'avec ce film, j'ai l'impression d'être au spectacle, de voir l'envers du décor ne m'empêche pas de m'immerger dans le, ou plutôt les, récit, pas plus que les fréquentes incursions d'Ophüls, au contraire. Le cinéma social c'est bien pour ceux qui aiment hein, j'y jette un oeil de temps en temps mais j'avoue que si je veux voir à quel point le monde est triste, et pourri, et moche... Ben je regarde par ma fenêtre. Et je vois qu'un mur...bon. Mais un mur en soi c'est plutôt triste, et pourri, et moche donc on va dire que j'ai ma dose.

Alors quand je regarde un film, je veux qu'on me fasse rêver moi ma bonne dame, qu'on m'en foute plein les mirettes, qu'on me fasse peur ou rire, qu'on me présente des histoires de chair tendres ou des monstres qui crapahutent sur l'Empire State Building, qu'on me fasse réfléchir sur la place de l'homme dans l'univers ou qu'on me force à me demander si vraiment des tiques peuvent devenir géantes si on les expose à de la marijuana...
Enfin je m'égare quelque peu.

Ce film est d'une classe folle et d'une magie envoûtante. Il se paie le luxe d'être léger, drôle, beau (chaque plan est d'un esthétisme parfait), la musique est géniale et tout ceci dans une légèreté délicieuse qui le rend accessible à tout un chacun.

Un film qui fait aimer le cinéma. Encore plus.

P.S. : le prologue et l'envie de montrer le "comment avec du faux on donne l'illusion du vrai et on vous le montre un peu" me fait penser aux "Trois visages de la peur" de Mario Bava.

P.S. 2 : Si les frères Dardenne tombent sur mon petit couplet sur le ciné social, prière d'adresser toutes réclamations au mur d'en face.

P.S. 3 : Que faites-vous encore là alors que vous pourriez si ce n'est déjà fait découvrir cette merveille de film !

P.S. 4 : Tous ces post-scriptum n'ont aucune vocation de publicité dissimulée. Mes excuses.
Pravda
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le 27 déc. 2013

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