La Ronde du crime
7.1
La Ronde du crime

Film de Don Siegel (1958)

Et vous, ce sera quoi votre dernière phrase?

Je suis un peu triste de le dire, mais je n'aime pas à la folie tous les Siegel, malheureusement. Pourtant il influence clairement la génération actuelle de réalisateurs, c'est assez évident dans ce film noir de 1958. The Lineup fait partie des pépites qui me font baver dans sa filmographie!!

Le scénario est assez brillant. Don aurait pu se contenter d'une intrigue simple où l'on suit simplement les flics en train de remonter la piste. Classique. Efficace. Au lieu de ça, sans trop prévenir, il change de direction en plein film, nous confronte à deux brigands qui seront les véritables vedettes de ce film. A la manière de Hitchcock, Don évite le linéarisme autant que les facilités scénaristiques (dei ex machinae) en changeant les points de vue afin de rationaliser son histoire, de la complexifier aussi. Lorsque les flics progressent, Don change de côté, et nous montre les méchants, expliquant ainsi comment ce coup de chance chez les gentils a pu avoir lieu. Le deus est ainsi contré, annihilé et les personnages sont quant à eux mis sur un piédestal, véritable générateurs d'intrigue.

Paraîtrait que Eli Wallach était chiant durant le tournage, croyant tourner dans un mauvais film, jusqu'à ce qu'il comprenne la complexité de son personnage. Car oui les personnages sont creusés et fascinnent par leur profondeur. De la même manière il est amusant de constater que ce que les frères Coen font aujourd'hui, Siegel l'a fait depuis longtemps (je me dis que No Country for Old Men est un remake inavoué de Charley Varrick mais aussi un peu de The Lineup).

Ce n'est pas tout. La mise en scène est assez efficace. Don ne s'emmerde pas à révolutionner la forme cinématographique d'un film, mais se contente d'un montage nerveux et pertinent. Ca va vite, ça va bien. Les informations circulent à grande vitesse au début, puis le Don stoppe sa caméra pour nous présenter les deux vrais (anti)héros. L'action ne trapine pas à suivre, ainsi que les conflits sur plusieurs niveaux. Les acteurs sont très bons. Don est assez audacieux dans ses choix ; si le flic principal a la même gueule que Lee Marvin, il opte pour un jeunot qui n'a pas la gueule particulièrement mémorable encore (mais ça ne saurait tarder) : Eli Wallach tout jeune ! On sent que l'acteur n'arrive pas à jouer les poids lourds de façon naturelle (de la même manière que le ferait Lee Marvin, Clint Eastwood ou John Wayne), mais finalement ça colle bien au personnage. En fait, le gars est un peu gauche, de la même manière que l'air abruti de Walter Matthau nous trompe dans Charley Varrick, et convainc donc sur la fin avec un comportement innaproprié dira-t-on).

Bref, The Lineup est un excellent polar dont je retiendrai les méchants surtout avec leur petit jeu de la dernière phrase d'un mourant.
Fatpooper
10
Écrit par

Créée

le 17 févr. 2013

Critique lue 673 fois

8 j'aime

4 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 673 fois

8
4

D'autres avis sur La Ronde du crime

La Ronde du crime
p3i
10

Critique de La Ronde du crime par p3i

Vu en VOstfr Avant d’être un film, The Lineup (ou San Francisco Beat) était une série policière à la radio de 1950 à 1953 puis à la télévision de 1954 à 1960 ; à la radio, elle suivait les enquêtes...

Par

le 12 mai 2015

11 j'aime

6

La Ronde du crime
Morrinson
7

"He's a psychopath with no inhibitions."

Quelle efficacité dans le film noir pur jus de la part de Don Siegel ! Un scénario tiré au cordeau, d'une sécheresse cinglante, arborant une violence froide essentiellement condensée dans le...

le 2 déc. 2020

8 j'aime

3

La Ronde du crime
Fatpooper
10

Et vous, ce sera quoi votre dernière phrase?

Je suis un peu triste de le dire, mais je n'aime pas à la folie tous les Siegel, malheureusement. Pourtant il influence clairement la génération actuelle de réalisateurs, c'est assez évident dans ce...

le 17 févr. 2013

8 j'aime

4

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

119 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55