Dans l'histoire cinématographique de la Chine, on peut dire que celle-ci a pris cher entre le bombardement de Shanghai, l'occupation japonaise, l'instauration de la République populaire, la Révolution Culturelle sans compter la concurrence acharnée entre Hong-Kong et Shanghai qui furent les deux plaques tournantes du cinéma national. Cela n'étonnera personne si il reste peu de choses du cinéma chinois de la 1ère génération. Ainsi, c'est avec une joie non dissimulée que je m'attaquais à La Rose de Pushui, l'un des rares survivants de cette épuration involontaire.
Nous est conté l'histoire d'un étudiant qui tombe fou amoureux d'une belle demoiselle convoitée par un truand, chef de guerre de surcroît, qui compte bien se la taper. Simple et efficace, qui plus est un potentiel à saisir entre romance impossible et combats. Sauf que finalement Hou Yao nous donne l'impression de nager dans l'eau comme un poisson paraplégique. Alors, moi je veux bien être magnanime sur les difficultés de tournage de l'époque mais 43 minutes, juste non pour ce que le film a à nous dire. Parce que de là découle l'essentiel du problème qui est sa superficialité. "La Rose de Pushui" reste en surface sur tout et à tout moment, aussi bien l'amour qui ne véhiculera d'émotion que dans les deux dernières minutes que les combats expédiés en 2-2. Evidemment en 43 minutes, il fallait s'attendre à un découpage et montage totalement incohérents. Un exemple : le héros se déplaçant 3 secondes à cheval suivi d'une transition qui l'amène en plein combat contre son ennemi. Où est le dialogue ? Où est la tension pré-affrontement ? Où est le jeu de regard ? Y aurait-il des fragments manquants ou la dégradation de certaines pellicules qui rendait impossible leur diffusion ?
Alors, soit il y eut un manque de moyens financiers mais dans ce cas j'ai envie de dire qu'il faut revoir ses ambitions à la baisse, soit cela relève du pur amateurisme. Maintenant, tout n'est pas non plus à jeter. On apprécie grandement la recherche esthétique et des décors qui nous font nous évader avec succès du muet occidental. La bande son est également de très bonne qualité. Il y a un sens du rythme qui se fait ressentir (normal vu la rapidité avec laquelle tout se passe). Et à l'occasion, on sera satisfait de la prestation de l'héroïne. Si charme il y a, la déception est amère.