L'inadaptable

Adapter le best-seller éponyme de Cormac MacCarthy était une idée aussi excellente qu'inévitable. La confier au réalisateur australien John Hillcoat (déjà auteur du magnifique western The Proposition) l'était aussi, le bonhomme arrivant à filmer une histoire dramatique autour de décors naturels somptueux tout en ne négligeant jamais son scénario ni ses personnages. Ceci dit, La Route n'est pas pour autant le chef-d'œuvre annoncé...

En effet, bien que fidèle au livre original, le long-métrage propose des thèmes intéressants sans jamais aller jusqu'au bout, métamorphosant le tout en un amalgame d'idées jamais exploitées. Que ce soit ce début avec ces cannibales vite effacés, cette apocalypse jamais expliquée ou les nombreuses rencontres que le père et le fils font, rien n'est vraiment mis à bout pour rassasier. Ce scénario inégal manquant cruellement de rythme et de linéarité est heureusement contrebalancé par des décors magnifiques rendant le futur post-apocalyptique plus proche et réaliste que jamais.

L'ambiance sombre d'un espoir évanoui est également bien rendue, le peu de musique aidant fortement le ressentiment. Seulement il manque quelque chose. Comme une amère impression d'inachevé, La Route ne passionne guère au final et devient vite oubliable, culminant des points noirs défavorisant comme l'interprétation énervante du jeune Kodi Smit-McPhee, la mise en scène cette fois-ci quelconque de John Hillcoat et des incohérences parsemées ici et là ternissant la perfection.

Restent l'interprétation époustouflante d'un Viggo Mortensen habité et quelques passages prenants comme le face à face entre le père et le cannibale ou encore le sort réservé à un voleur insouciant, la scène étant d'une monstruosité déconcertante. Ainsi, tout en restant en soi un bon film d'anticipation, La Route déçoit légèrement pour ne pas dire amèrement.