La Route de Salina de Georges Lautner
Il est parti très récemment M Lautner, il était de la génération des Verneuil, Labro, Deray sans oublier le patron Melville... Ces mecs qui posaient leurs couilles sur la table quand il s'agissait de faire un film. Des mecs qui pondaient films sur films, et au final le ration bon films/mauvais films est plus respectable pour chacun de ces types.
Lautner restera dans les mémoires pour surtout deux films : Les Tontons Flingueurs et Le Professionnel, deux films cultes avec des stars de l'époque, tous deux aux dialogues écrits par Audiard. Mais en somme, il est tout aussi retenu pour ses comédies et ses films d'actions populaires qui survient à l'épreuve du temps.
Mais un film reste oublié du monsieur, un film qui n'a rien à voir avec les autres. La Route de Salina. Je connaissais la bande originale car Tarantino l'a taxée pour Kill Bill 2, avec même certaines scènes en prime au passage. J'admire l'actrice Mimsy Farmer que j'avais pu voir chez Argento ou Leroy, et surtout la rencontre Hayworth/Lautner m'intriguait de même ce que le film dégagé, un côté mystérieux, un film presque paria. De plus qu'inexistant, heureusement internet est sur le coup.
Je n'ai pas été déçu un instant, j'ai même un découvert une facette de Lautner que je connaissais pas, il se trouve au sein de décors inédit dans sa filmographie ( qu'il s'approprie facilement sans aucun doute ), où il n'hésite à balancer des thèmes qu'aujourd'hui on crierait a la polémique ou au scandale.
Le film raconte l'histoire de Jonas, lascar hippie, qui marchant sur la route de Salina tombe sur maison déserte, qui sert de pompe à essence pour les voyageurs. Mara, la femme de maison, ainsi que Billie sa fille voient en Jonas Rocky, le fils de la famille disparu 4 ans auparavant...
Dès lors Jonas/Rocky se retrouve pris dans un piège identitaire.
Le film est assez mystique, le spectateur ne comprend pas tout, le film est raconté par la voix de Jonas, qui parle au passé, mais génère un flou qui nous fait poser des questions quant à l'attitude de certains personnages, ou même aux sous lignes de cette intrigue. Plus le film avance, puis tout prend un sens, et déclenche des points de non retours pour chacun des personnages, et ainsi affiché les failles de cette famille dans laquelle Jonas est tombé.
Car dès le début on sent bien une rivalité entre Rita, mère en crise et perdue et Mimsy, belle mystérieuse, Mimsy, qui a de grandes chances de tomber dans mon panthéon des actrices préférés de bibi ( je n'ai pas encore vu More ), est parfaite dans l'ambiguité de son personnage, entre la douceur, gentillesse et toute l'interrogation qu'elle laisse poser à son égard.
Bien que le film peut probablement dérouter certains au début, il se regarde en réalité avec une aisance à renvoyer certains tocard six pieds sous terre. Lautner montre qu'il est capable de créer une ambiance, de se servir des moeurs de cette époque, car oui le film ayant un côté hippie, on retrouve la facette un peu "naked" de la chose, de même que les grands outils techniques de l'époque: à savoir le zoom ultime, ou le montage très cut pour les coups. Il y a une véritable marque de mise en scène qui fait de ce film un OFNI dans la carrière de Lautner et même dans le cinéma français ( bien que l'équipe technique soit française, le film n'a pas été tourné en France, ni en langue française ).
Vivement le blu-ray, un jour peut-être, qu'on puisse profiter de ce film oublié.
R.I.P