Qu'est-ce qui donne à La route de Salina son caractère étrange ? Serait-ce son histoire improbable ? Ses décors cataclysmiques filmés sur les terres volcaniques des îles Canaries ? Son ambiance hippie, héritage de la contre-culture? Ou bien tous ces éléments à la fois ?
Difficile de répondre à cette question tant ce film regorge de surprises, la principale résidant dans l'identité de son réalisateur : Georges Lautner. En effet, il peut paraitre étonnant de voir l'homme derrière les comédies Les Tontons Flingueurs ou Les Barbouzes se retrouver à la barre d'un tel projet. Ce serait toutefois oublier que dans sa longue carrière, Lautner n'a pas fait que des films « audiardiens » et « belmondiens ». Il y a ainsi tout un pan de sa filmographie où il s'est adonné à des exercices de style et de travail sur la forme (pensons notamment au Septième Juré et Galia).
La Route de Salina s'inscrit donc dans cette veine et traduit la volonté de Lautner de se pencher sur la jeunesse débridée des années post-68. Il suit pour cela un jeune vagabond arrivant dans une station-service. La gérante le confond avec son fils et le fait rester sur place, ce dernier acceptant d'endosser cette fausse identité.
C'est à travers cette histoire mystérieuse que Lautner trace sa voie, situant son oeuvre comme le point de rencontre entre le film noir classique Le Facteur sonne toujours deux fois et les productions flower power comme More ou Zabriskie Point. On ressort enchanté de ce voyage psychédélique que ce soit pour sa mise en scène, ses acteurs (superbes Mimsy Farmer et Rita Hayworth ) ou pour sa musique composée par Christophe et Clinic et qui sera reprise 40 ans plus tard par Quentin Tarantino dans Kill Bill.