La Route des Indes par SnakePlissken
Un conte suranné comme on n'en fait plus, le dernier de David Lean. Comme dans tous les contes, les personnages sont stéréotypés, et révèlent leur vrai nature au contact (limité) des Indes Britanniques d'après-guerre à l'exotisme à la fois fascinant, inquiétant et fantasmé par des Anglais bien propres sur eux et enfermés dans leurs clubs pour des parties de polo et des discussions oiseuses autour d'un bon thé.
L'héroïne, Adela, et la mère de son fiancé, Mrs. Moore, entreprennent un voyage en Inde afin d'y rejoindre le jeune homme, un fonctionnaire colonial.
Attirée par l'aventure sauvage et païenne des vraies Indes mais étouffée par une communauté anglaise repliée sur elle-même, hésitante sur ces sentiments envers ce jeune juge parfaitement lisse et intégré à la caste britannique méprisante et coupée du peuple indien, encouragée par une Mrs. Moore tolérante et pas franchement enthousiasmée par le comportement de son fils, les deux femmes entreprennent la visite d'une attraction locale isolée en compagnie d'un jeune et sympathique médecin indien, vouant une admiration aveugle aux Anglais et rêvant de rejoindre leur monde.
La suite est un drame personnel illustrant l'incompatibilité de ces deux mondes, métaphore du fossé grandissant entre un occupant britannique décadent et un peuple indien revendiquant son autonomie et son identité. Ces deux protagonistes aux trajectoires opposées réaliseront que leurs espoirs ne sont que chimères, chacun repartant de son côté, avec en fragile lien l'amitié d'un honnête homme, qui remportera finalement une victoire douce-amère.
Un beau conte moral, pour peu que vous vous laissiez porter par son rythme et sa vision old school. So british.