C’est drôle comme il y a des noms, des titres, parfois, qui n’ont pas traversé le temps et ce, sans regard quant à leur qualité. James P. Hogan, que je découvre avec ce film, c’est, sur SensCritique, à peu près 5 notes pour 4 films référencés (pour une filmographie d’environ 60 œuvres). Alors qu’en fait, La Ruée Sauvage est un film de genre tout à fait sympathique et pas du tout anecdotique comme sa postérité pourrait le laisser penser, ou du moins pas autant...


Petit western, donc, qui prend cadre au lendemain de la guerre civile américaine, dans le Sud plein de revanche, de ressentiment et de fierté un peu vaine. C’est pittoresque comme tout le Mississipi, il y a des bateaux à roues comme dans Lucky Luke, et puis ça chante et ça se bagarre joyeusement avec les Yankees. D’autant qu’on aurait du mal à leur en vouloir, vu l’arrogance avec laquelle les vainqueurs ne se privent pas de leur rappeler leur défaite, aux vaincus. Et après quatre ans de guerre civile, on sent que la Réconciliation n’est pas pour tout de suite…


En attendant, Joan Benett est belle comme un cœur, quelques années avant de tourner avec Fritz Lang qui en fera sa muse. Elle campe une sudiste endurcie, qui profite de son joli minois pour faire passer des fusils de contrebande et entretenir la Rébellion. Lorsqu’un vieux général nordiste vient pour lui imposer une taxe sur les 10000 têtes de bétail de son ranch, elle n’hésite pas à s’enfuir avec toutes ses bêtes, accompagnée entre autre par un Randolf Scott beaucoup plus philosophe dans la défaite, pour un road trip à cheval qui doit l’amener à Abilene, avec en prime la traversée de la Rivière Rouge.


Impossible du coup de ne pas penser au film de Hawks, qui mettra sur le devant de la scène 10 ans plus tard, ce qui est probablement une histoire populaire du Far West, comme Jesse James ou OK Corral. Enfin je ne fais que supposer… Par ailleurs tout le film m’a fait penser à un mélange improbable entre la Rivière rouge de Hawks et Naissance d’une nation, pour le contexte dans lequel il s’inscrit, même si, ici, la conclusion sera à l’opposé de celle du film de Griffith. Deux illustres exemples pour un film qui, s’il contient plusieurs séquences mémorables, dont celles qui m’ont le plus marqué sont la traversée de la rivière, hallucinante et un chant accompagné par une guitare autour d’un feu de camp, révèle tout de même son lot d’incohérences et de retournements un peu faciles.
Par exemple, j’ai beaucoup de mal à comprendre qu’on invite son pire ennemi à dîner. Surtout, a priori, sans aucune raison. Aussi certains personnages yankees sont tellement surjoués qu’ils en deviennent bouffons, je pense au général notamment. Quant au dénouement final, il réussit l’exploit d’être convenu et improbable à la fois, si bien qu’il remet en question tout l’intérêt du film…


Alors heureusement que du reste, l’épopée demeure passionnante et que Joan Benett est agréable à regarder. En vrai, c’est plus un 6 gonflé qu’un 7, mais j’ai du mal à résister au spectacle d’un troupeau qui galope dans une plaine ou qu’on fait traverser une rivière, ou d’un convoi attaqué par des Indiens, de quelques notes de guitare murmurées auprès du feu, ou même donc, du joli minois de Joan Benett.

Factory
7
Écrit par

Créée

le 7 juil. 2015

Critique lue 506 fois

3 j'aime

Factory

Écrit par

Critique lue 506 fois

3

Du même critique

Certains l'aiment chaud !
Factory
9

Jeu de dames

Ca faisait longtemps que je n'avais pas ri aux éclats devant un film. Je veux dire, j'aime beaucoup les comédies américaines, mais aussi bonnes qu'elles puissent être, les Capra et autres Lubitsch ne...

le 16 juil. 2013

11 j'aime

1

Renaud
Factory
4

C'est punk d'embrasser un flic

Pasolini lui-même, qui n’était pas le moins marxiste des communistes, disait affectueusement des flics de mai 68 qu’ils étaient "des enfants de pauvres". Cinquante ans après, Renaud fait mieux...

le 22 mai 2016

7 j'aime

3

Gravity
Factory
8

Une heure et demi, 130 soupirs et un mal de crâne plus tard

C'est le titre que je voulais donner à ma critique de Gravity. Parce que oui, j'avais prévu de ne pas aimer Gravity. Un peu parce qu'on me l'a survendu et surtout par anticonformisme primaire. Mais...

le 3 nov. 2013

7 j'aime

30