Je n'ai jamais vu quelqu'un aussi bien mêler la tragédie et la comédie que Charlie Chaplin, et à mon sens, La Ruée vers l'Or est son sommet, alors qu'il s'inspire d'une histoire vraie, celle d'une catastrophe où des immigrants perdus dans la neige étaient contrait à manger leurs chaussures et cadavres de leurs camarades.
Chaplin propose néanmoins son récit à lui en se servant de ses quelques inspirations, il interprète ici un Charlot devenu chercheur d'or et prêt à affronter tous les obstacles, tout en tombant évidemment amoureux. Il met en scène une très belle et charmante histoire, il l'a sublime et permet aux spectateurs de s'attacher à Charlot ainsi qu'au personnage féminin, tout en rendant les autres intéressants.
Comme très souvent jusque-là, il utilise avec immense brio ses ressorts comiques, tandis que dans le même temps, ceux dramatiques marchent à merveille. Il fait ressortir toute l'émotion de son récit et des personnages tout en sachant se moquer d'eux, il passe du rire aux larmes avec une immense aisance et facilité. Il étudie aussi avec justesse et sans lourdeur tout un contexte social, ici autour de la ruée vers l'or et de la pauvreté.
De nombreuses séquences en deviennent mémorables à l'image des hallucinations de Big Jim ou de la fabuleuse danse des petits pains, alors que le contexte de l'oeuvre est passionnant et sublimé, notamment les saloons et la neige. Charlie Chaplin est extraordinaire dans le rôle de Charlot, il lui suffit parfois d'un geste ou regard pour transcender une émotion, tandis qu'il est bien entouré, notamment Big Jim ainsi que la très charmante Georgia Hale, dont le personnage est tout aussi intéressant.
Chaplin propose avec La Ruée vers l'Or une très belle, touchante, drôle et attachante œuvre où, tout en étudiant un contexte social, il passe du rire aux larmes avec aisance et facilité, tout en transcendant les émotions et le rire.