Une fresque épique nonchalente et impersonnelle d'Anthony Mann. Avec Glenn Ford, Maria Shell.

Une fresque épique qui manque d’intensité. « La ruée vers l’Ouest » évoque l’histoire de pionniers qui conquirent les Etats Unis d’Amérique. Virée qui débute dès 1889 avec les massacres d’indiens et qui se termine dans le film aux prémices de l’exploitation pétrolifère, au démarrage de la grande ère industrielle : le capitalisme moderne est né. On suit ainsi le couple Glenn Ford-Maria Schell à travers l’Histoire d’Amérique. Deux interprétations marquantes pour deux rôles différents : la femme s’installe et prend le pouvoir pendant que l’homme fait la guerre et prend possession des terres. Glenn Ford (propulsé star par Charles Vidor sur « Gilda »), par apparitions, impose le charisme de l’homme juste et moderne (par opposition aux bandits qui barrent la marche du progrès) et Maria Schell (Prix d’interprétation à la Mostra de Venise pour « Gervaise » de René Clément) s’impose comme une chef d’entreprise réaliste. Se démarquant du casting, deux figures s’imposent et pas des moindres : Anne Baxter (qu’on retrouve dans un second rôle surprenant puisqu’on la connaît pour avoir incarné Eve pour Mankiewicz, Néfertiti dans « Les dix commandements », la femme du Gardénia pour Fritz Lang, …) et Aline MacMahon (déjà rencontrée chez Wellman et Tourneur notamment), tout bonnement parfaites. La musique n’apportant pas grand-chose et le montage découpé apportent un faux rythme à l’ensemble. Le metteur en scène de « L’appât » s’en remet à ses acteurs, à l’enchaînement des scènes, à de merveilleux paysages extérieurs, le tout ponctué par d’incroyables chevauchées. Le sommet du film est atteint lors de la fameuse scène de conquête de l’Oklahoma. Anthony Mann livre ici une scène impressionnante, d’époque, et devenue aujourd’hui mythique. Tous mes chapeaux, maître Mann !! Pour conclure, « Cimarron » (1960) n’est pas un western en lui-même, c’est une fresque d’époque nonchalante et impersonnelle, le metteur en scène du « Cid » n’arrivant pas à apposer son style. En dépit d’un métrage qui évoque, à bien des égards, un « Autant en emporte le vent » made in 1960. A découvrir, ne serait-ce que pour la pépite d’or que recèle le film de maître Mann : la conquête. Spectateurs, … « Pour une poignée de dollars » !! 2 étoiles sur 4. PS : il s’agit de la seconde adaptation du roman éponyme d’Edna Ferber publié en 1929. La première transposition au cinéma, de Wesley Ruggles avec Irene Dunne, date de 1931. Ferber est également l’auteur de « Géant », lui aussi porté sur les écrans avec James Dean, Rock Hudson et Elizabeth Taylor dans les rôles principaux, et George Stevens derrière la caméra.

brunodinah
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le 2 juil. 2019

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