Sweet Home America
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Un western honnête, qui souffre au demeurant de la comparaison avec tous les précédents de Mann (en tout cas avec les sept que j’ai vus – m’en manquent encore trois). Ultime apport du bonhomme au genre du western, cette Ruée vers l'Ouest ne manque pourtant pas d’intérêt mais ne retrouve hélas pas l’efficacité toute en concision de ses aînés.
Le western démarre pourtant sur les chapeaux de roue, avec un premier acte ma foi assez grisant puisque consacré à la course aux territoires de l’Oklahoma, lorsqu’en 1889 le gouvernement ricain a ouvert gracieusement aux civils les frontières de cet état – alors vierge – pour qu’ils le colonisent. Voir ces centaines de diligences et de cavaliers massés à la frontière attendre le signal de départ puis se lancer dans la course aux parcelles de leurs rêves est vraiment fascinant. Le regroupement puis l’attente autant que la violente chevauchée qui les suivra sont particulièrement excitants.
Ceci d’autant plus que l’on y découvre une belle brochette de personnages. Outre – évidemment – le traditionnel héros mannien au passé trouble : ici un brave avocat que sa femme aura la surprise de découvrir bon copain de la moitié des aventuriers (et – oups ! – des prostituées) du continent, mais aussi capable de démolir (aux poings comme au flingue) les voyous, et accessoirement bien connu sous rien de moins que le surnom de cimarrón (« sauvage » – comme le parfum). Bref, l’avocat n’a pas connu que les bancs de l’école de droit…
Hélas, passé ce premier acte vraiment sympa (et inédit en ce qui me concerne), le film se débarrasse bien vite – et bien violemment – de tous les personnages introduits, y compris celui interprété par Charles McGraw (que j’imaginais être le « grand méchant » du film). Puis bifurque dans une nouvelle direction un peu moins intéressante… avant un troisième acte encore moins intéressant voyant en outre s’enchaîner deux trois ellipses (par ailleurs de plus en plus grandes) et s’éclipser notre héros, au profit de sa femme (dont le personnage de témoin privilégié n’est malgré tout pas bien intéressant).
Bref, après un début vraiment excitant, le film perd progressivement en intérêt pour finalement s’achever assez platement. Un peu dommage. Sans être ennuyante pour autant, cette Ruée vers l’Ouest perd sur ses deux heures quinze l’efficacité des précédents westerns de Mann, qui eux étaient pliés en une heure et demie sans une once de gras. Alors le projet n’est pas le même, j’entends bien ; celui-ci se veut quelque part plus ambitieux, plus « grande Histoire » ; mais il se perd en même temps que son personnage éponyme.
Puis bon. Sans vouloir charger l’aimable Glenn Ford, le gaillard n’a hélas pas le tiers du charisme des alphas ayant avant lui porté stetson et colt devant la caméra de Mann (j’ai nommé James Stewart, Henry Fonda et Gary Cooper). Cela joue, mine de rien.
M’enfin ça se regarde sagement, tout de même.
Créée
le 7 juin 2021
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