Sweet Home America
Nous sommes en 1960 et Anthony Mann est déjà dans ses dernières années lorsqu'il s'attaque à un projet très ambitieux, la mise en scène de la ruée vers l'Ouest en s'inspirant à nouveau du roman...
le 10 nov. 2020
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Pour mon retour aux critiques après 3 ans d'arrêt, j'ai choisi un western (que je connais et que j'avais déja vu 2 ou 3 fois), ceux qui me connaissent ici trouveront ça logique. J'aurais souhaité un western plus parfait, mais j'ai déja chroniqué à peu près tous les grands classiques et ceux qui me tiennent à coeur, je me contente d'un western qui est quand même signé Anthony Mann, revu récemment.
Certes, il est tourné après l'Homme de l'Ouest et c'est le dernier western réalisé par Mann qui est en 1960 en fin de carrière, il ne devait plus tourner que 3 films (le Cid, la Chute de l'Empire Romain, et les Héros de Télémark), avant de disparaitre en 1967 pendant le tournage de Maldonne pour un espion qui sera terminé par Laurence Harvey qui en était la vedette.
La Ruée vers l'Ouest qui a déja fait l'objet d'une adaptation en 1931 par Wesley Ruggles, est tiré du roman d'Edna Ferber, romancière américaine connue aussi pour le roman "Géant" adapté à l'écran en 1955 par George Stevens, et comme "Géant", ce roman décrit l'histoire d'une région de l'ouest des Etats-Unis, à savoir l'Oklahoma, Etat ouvert par les autorités pour l'implantation des colons en 1889, l'action s'étale jusqu'à la Première guerre mondiale. Le film est traité en mode superproduction (comme le seront les 3 films suivants de Mann), la MGM ayant la réputation des fresques historiques soignées, a veillé à beaucoup d'étapes de la production, et à cause de ça, le film a souffert de multiples problèmes de production, car Mann s'est heurté pour la première fois aux exigences de ce type de superproduction, sa vision en fut faussée.
Le studio gomma l'angle social et politique qui intéressait Mann, avec des sujets comme le racisme, l'aspect réactionnaire de certains colons, le rôle de l'argent, l'affairisme des gens enrichis etc... tout ceci n'est que survolé, timidement entrevu ou carrément absent du film. Au montage, le rôle d'Anne Baxter a été considérablement réduit par rapport à celui de Maria Schell ; d'ailleurs je me suis toujours demandé la raison du choix de l'Helvético-autrichienne Maria Schell dans un Hollywood qui pourtant possédait à cette époque un vivier considérable d'actrices américaines de premier plan. Du volumineux roman d'Edna Ferber, le réalisateur a pu éviter certains écueils comme la dose psychologique inutilement mélodramatique, l'intrigue est cependant trop touffue, le film manque d'ampleur et d'intensité qui auraient été nécessaires à un bon développement, la durée en est trop longue (plus de 2h15), du coup, Mann peine à maintenir un intérêt soutenu tout du long, la dernière demi-heure est la plus faible parce que trop empreinte d'un attendrissement plus proche du pathos larmoyant que de l'émotion véritable. Il est clair que c'est un western transformé en mélodrame.
Malgré tout ça, sans avoir la perfection des westerns antérieurs du réalisateur, le film possède de beaux moments, des bribes d'une incontestable grandeur éparpillés ça et là, rappelant qu'Anthony Mann n'était pas n'importe qui, aidé par la photo limpide de Robert Surtees et la musique de Franz Waxman ; il a pu épurer ce vaste récit et donner une bonne mesure de son talent en dominant certains méandres mélodramatiques, avec notamment la séquence de course de chariots sur le territoire d'Oklahoma, la description d'une Amérique fascinée par le modernisme, dans laquelle les voitures à pétrole vont remplacer les chevaux, et aussi les rapports du couple Yancey-Sabra qui sont bien traités, et dans lesquels Glenn Ford se révèle à sa juste valeur de héros indomptable, même si je trouve son caractère égoïste et individualiste, car il abandonne sa femme et son gosse, cet aspect m'a un peu gêné. Pour toutes ces raisons évoquées, ce western ne fait pas partie de mes westerns préférés, loin de là.
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Créée
le 1 avr. 2024
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