Le scénario de la Ruse ressemble beaucoup à celui de L'homme qui n'a jamais existé de Ronald Neame (1956) et pour cause, puisqu'il s'agit du même épisode de la seconde guerre mondiale, une mystification des services secrets britanniques à destination des Allemands, avec un cadavre exquis en guise de leurre. La comparaison entre les deux films est largement en défaveur du plus récent, certes moins propagandiste que le premier (quoique) et peut-être plus proche des faits (quoique bis) mais la mise en scène de John Madden est bien plus académique que celle de son prédécesseur et La Ruse est surtout encombré d'une histoire sentimentale sans grand intérêt qui permet juste d'apprécier la sensibilité d'actrice de Kelly Macdonald face au pas si marmoréen Colin Firth, lequel reprend un rôle qui lui est familier, celui de l'homme flegmatique qui laisse apparaître quelques failles. De nombreuses scènes de L'homme qui n'a jamais existé se révélaient passionnantes (la discussion éthique autour du cadavre avec les membres de sa famille, la contrenquête menée par un Irlandais pour le compte des Allemands ...). Aucune trace d'elles dans La Ruse qui en ressort pourtant bien plus bavard et digressif, qui plus est encombré d'une voix off sentencieuse. Le film de John Madden n'a rien de déshonorant mais s'avère bien incapable de rendre excitante une histoire magistrale de Fake News, qui a quand même influencé quelque peu le sort de la guerre.