Si vous êtes fans des pieuvres, ce documentaire est fait pour vous. Si vous êtes de ceux qui ignorent toujours à quel points ces animaux sont géniaux, ce documentaire finira par vous convaincre. Au-delà même du message écologique porté par le film, assez convenu, c’est surtout l’histoire de Craig Foster et comment la rencontre avec une pieuvre lui a permis de sortir d’une passe difficile, à devenir une meilleure personne et, par extension, un meilleur père. Non pas en prenant exemple, mais en s’inspirant et lui redonnant goût à la vie. C’est une très belle histoire qui, en plus, n’a pas honte de passer par les différentes étapes narratives classiques qu’on pourrait attendre d’une fiction.
Bien sûr, le montage aide, mais comme quoi, la vie peut parfois réserver des surprises. Et comment ne pas s’attacher à cet « animal liquide à huit bras » tant son comportement nous paraît si incroyable et ingénieux. Cette héroïne au centre du récit qui nous paraît à la fois si étrangère et familière dans sa personnalité, sa réflexion, son intelligence. Nous avons là encore un exemple flagrant d’à quel point les limites de sa définition deviennent floues et incertaines, de tous les trésors et la diversité qui peuplent notre monde.
Le documentaire réussit à garder en permanence cet équilibre instable entre ethnologie et anthropocentrisme, à garder une certaine rigueur scientifique sans pour autant censurer complètement l’interprétation purement humaine. Les images sont magnifiques, les prises de vue sous-marines donnant à cette forêt de kelp une dimension presque mystique par moment, où une vie foisonnante y évolue en permanence. La narration peut parfois verser un peu dans le mélo (mais d’un côté, comment l’en empêcher compte tenu de la relation forte qui s’est créée entre ces deux êtres), mais ne devient jamais excessive.
Bref, un documentaire animalier plutôt classique dans le message qu’il véhicule et ce qu’il veut nous transmettre, mais qui se révèle incroyablement riche quand on commence à regarder sous la surface turquoise de l’Atlantique.