Aussi improbable que cela puisse paraître Clint est un ancien alpiniste/espion à la retraite doublé d'un professeur d'art à l'université. Je vous jure. Si vous arrivez à croire à ce postulat alors vous n'aurez aucun mal à croire que son ancien patron (un albinos photosensible... là encore je n'invente pas) veut qu'il rempile pour une dernière mission : sanctionner, plus prosaïquement : tuer, un agent double vendu à la solde de l'ennemi. Si on fait appelle à Clint ce n'est pas seulement parce que c'est Clint (bien que ça soit déjà une raison suffisante) mais aussi parce que le meilleur moyen de se débarrasser du félon est une expédition d'alpinisme sur la face nord de l'Eiger, montagne suisse culminant à 3970 mètres. Une véritable légende de l'alpinisme à elle seule que seuls les plus forts peuvent dompter.
Histoire de remettre les choses en place : dans la VF tout le monde prononce "et gère" alors qu'il faut prononcer "aïe guerre". Détails mineur me direz-vous mais toujours un peu agaçant.
Clint fait de l'alpinisme, programme est alléchant mais avant cela Clint doit se remettre en forme. L'entrainement prend pratiquement les deux tiers du film, une portion sans doute trop longue mais bourrée de moments de Clint qui se dégustent comme il se doit. Clint râle, Clint fait le malin, Clint fait mouiller toutes les filles, Clint s'améliore de jour en jour, Clint est un dur mais Clint a un certain sens de la morale, la preuve il refuse de changer une note même lorsqu'une jeune et jolie femelle propose d'écarter les cuisses pour l'occasion. Clint est un homme, un vrai.
Le fait est que le personnage de John Hemlock on s'en fout un peu, pour sa quatrième réalisation Clint filme Clint, avant toute chose. Déjà obsédé par son propre personnage il nous livre donc du pur Clint. Du Clint à l'exercice, en joli coeur, en homme d'action, en esthète, en plein effort.
C'est virile, ça roule des mécanique et ça tape en dessous de la ceinture.
Pas forcément l'incarnation de Clint la plus subtile (certaines blagues sont particulièrement lourdes) ou la plus humble qu'on ait vu mais le charisme du bonhomme fait qu'on suit tout cela avec un certain plaisir malgré la longueur excessive de tout ceci.
Il y a bien quelques fugaces incursions d'éléments d'espionnage dans tout cela pour nous rappeler qu'on est tout de même dans une histoire d'espionnage. Mais l'important est ailleurs.
L'important est dans les 1650 mètres de dénivelé de la Nordwand, face mythique et meurtrière de l'Eiger, réputée comme étant l'une des plus difficile du massif alpin.
La légende du Cinéma affronte la légende de l'alpinisme, une rencontre au sommet qui ne déçoit pas. Clint fait les cascades lui-même, comme un grand et son ascension de l'Eiger ressemble bien au calvaire qu'on s'imagine. Le film prend littéralement une nouvelle dimension avec ce dernier tiers aux scènes d'alpinisme mise en boite avec talent, pour une tension de tous les instants. Arrivé à ce stade du récit on oublie ce qui nous a amené là, on reste scotché à la survie de ce petit groupe d'individu. La loi des hommes se fait alors négligeable face à la loi de la nature, celle qui détermine les vrais héros des vantards. Comme nous le rappelle le titre original, "La Sanction" c'est surtout celle de l'Eiger sur les hommes.
Alors forcément lorsque le twist final tombe, aussi mal amené qu'idiot, on pardonne bien volontiers. Ces histoires d'espions, franchement, on n'en n'a rien à cirer.
Plus que jamais Clint est Clint et il assure dans le rôle de Clint. Le film s'embourbe un peu dans ses ramifications d'espionnage mal exploités, dans ses personnages secondaires inexistants mais il assure l'essentiel. L'aventure est au rendez-vous et le charisme indéniable de Clint fonctionne à bloc. La laborieuse narration nous emmène jusqu'à un final à 3000 mètres qui tient toutes ses promesses pour un spectacle haletant et prenant. Film mineur dans l'oeuvre du cinéaste Clint "La Sanction" n'en reste pas moins un bon film.
Un peu foutraque, parfois un peu con... mais bon.