Michele Soavi est un réalisateur qui a fait ses premiers pas sous les yeux de Dario Argento, avant de s’émanciper et de tourner ses propres films de son côté (en conservant Dario comme producteur). Si certaines de ses créations sont devenues cultes (le surprenant Bloody Bird et le cultissime Dellamorte Dellamore), nombre de ses travaux restent de petits films méconnus, dont les noms obscurs n’évoqueront quelques choses qu’aux bisseux les plus passionnés. La setta fait partie de ceux là, et comme on pouvait s’y attendre, l’avis du spectateur restera partagé. D’un côté, le film a d’excellentes idées, mais de l’autre il les disperse dans une histoire un peu vague de secte satanique. Gros sur une petite curiosité bis des années 90.
Et Paf, voilà qu’on nous propulse dans une histoire de secte satanique qui veut donner naissance au fils du Diable, et qui par conséquent doit trouver une femme pour la période de gestation. Et ils n’ont pas mauvais goût, puisqu’ils se tournent vers la personne de Kelly Curtis, joli brin de femme, institutrice et au cœur sur la main (pour accepter sous son toit un clochard qui roule des yeux avec des sous-entendus mystiques, faut être très généreux). Néanmoins, le film réussit à intriguer le spectateur, notamment avec des scènes complètement folles qui attisent l’imagination. L’introduction du film est en cela plutôt réussie, nous offrant direct quelques meurtres gratinés (un hippie satanique qui massacre une communauté peace and love, des citoyens manipulés par le démon qui s’entre-tuent (le coup du pique-pocket qui tire d’une poche un cœur humain…)) et un climat propice à faire une œuvre sympathique, bien que l’on sente la réalisation un peu plus bordélique qu’un Argento. Et le film arrive à tirer quelques épingles du jeu, notamment avec une scène de rêve totalement intrigante (une balade en forêt bien éclairée aboutissant à un chêne recouvert d’objets mystiques sur lequel est attaché une victime sacrificielle) et un égout douteux dont s’échappe un liquide bleu qui n’arrête pas d’aller contaminer l’eau de la demoiselle. Après, le film se perd évidemment un peu, pas souvent très clair sur les motivations de ses sataniques (faire le mal, c’est bien, mais si on connaissait un peu leur plan…) ni sur les symboliques qu’il manipule (le thème des insectes revient souvent, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi). En fait, je pense qu’il faut prendre ce film comme un petit divertissement horrorifique tel qu’on le pressentait, et l’on pourra ainsi profiter que quelques scènes bien faites (l’arrachage de visage vous rappellera brièvement la douce saveur d’Hellraiser), même si côté secte satanique, on préfèrera nettement l’excellent La secte sans nom. Finalement, La setta est un petit divertissement attachant, mais lourdement handicapé par des dialogues pas toujours utiles (ni pertinent, bien que certains tentent de planter une ambiance mystique) et par une durée beaucoup trop grande d’une heure cinquante. Clairement, 20 minutes de moins aurait permis de condenser un peu tout ça, mais en l’état, on subira quelques temps morts dont on se serait bien passé. Dans tous les cas, on reconnaitra la patte de Soavi, et pour peu qu’on apprécie le bonhomme, ce film devrait être un moment de détente plutôt agréable. Une bisserie sans prétentions.