Pour ce long métrage, Kim Ki-young met en scène la destruction (par l’intrus : la jeune femme), l’autodestruction d’une famille moyenne coréenne s’enfermant dans le mutisme dont l’élément déclencheur est la venue d’une jeune femme (Lee Eun-shim, remarquable) dans le cocon familial. Cette dernière va se révéler un véritable poison et va porter en elle une révolution au sein même d’une famille conservatrice et aisée, comme une lutte des classes programmée. Là où l’œuvre de l’auteur est remarquable c’est qu’elle se pose comme un cinéma social, un cinéma de mœurs qui dissèquent au microscope un microcosme de société. Une société qui renvoie aux us et coutumes, les artifices du paraître et de la réussite sociale.
Dans La Servante, Kim Ki-young nous montre une famille qui respecte donc le modèle social et les mœurs de l’époque. Ils sont mis à rude épreuve si bien qu’il faut sauver les apparences pour continuer à donner une bonne image de sa propre famille. Ainsi s’installe le tabou et les contraintes qui voient la domination pernicieuse de cette jeune femme manipulatrice qui parvient à ses fins. L’auteur rend admirablement la chose en établissant dans sa narration un engrenage chaotique pour cette famille qui est arrivée à un point de non retour sans pouvoir avoir la volonté de revenir en arrière. Kim Ki-young adopte une mise en scène classique mais d’une maîtrise qui rend force aux images. Il parvient à nous plonger dans cette œuvre dramatique qui prend parfois des allures de film d’horreur comme de thriller.
La Servante est une réussite qui m’a procuré un énorme enthousiasme à son visionnage. Une œuvre qui n’a pas pris une ride, une œuvre à ne pas manquer et qui s’impose comme un classique sud-coréen certes mais un classique du cinéma asiatique dans sa globalité. Une œuvre qui jouit de bonne interprétation, d’une mise en scène au cadre superbe sans oublier par ailleurs l’énorme travail de montage. On regrettera que son auteur ait été injustement reconnu à sa juste valeur de son vivant et comme il n’est jamais trop tard, le temps lui a rendu justice…
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