Cité par les grands réalisateurs du cinéma coréen des années 2000, Hanyo est d'abord un bijou de mise en scène qui sert l'ambiance générale du film. L'histoire est classique : un professeur de piano désiré par les femmes - surtout pour son statut social - décide de déménager avec sa femme et ses deux enfants dans une maison plus grande. Pour alléger ses tâches domestiques son épouse le pousse à engager une servante... On le voit, nous allons avoir à faire ici à un triangle amoureux cruel et particulièrement mouvant, avec un jeu complexe de domination entre les deux femmes et l'homme.
Bijou de mise en scène donc, en ce sens que le triangle amoureux sus-mentionné est lui-même enfermé dans un cercle : la maison, peut-être le personnage central de ce film. Elle est littéralement partout, 90% du film doit s'y dérouler (pour une seule scène en extérieur) nous connaissons chaque pièce, chaque élément - l'escalier, les portes coulissantes. Nous sommes parfois invités par quelques travellings à regarder l'action à travers la baie vitrée qui longe le premier étage comme on regarderait des petits animaux dans une cage, mais la caméra est le plus souvent posée aux côtés des trois protagonistes, au plus près des murs, au plus près des corps, l'espace est constamment encombré.
Il faut le dire : le film n'est pas agréable à regarder et en rebutera beaucoup. Mais indubitablement tout le monde sera d'accord autour de ce tour de force qu'est la mise en scène et de son indéniable réussite lorsqu'elle parvient à insuffler le malaise au spectateur au point d'avoir hâte que le film se termine.