Truffaut livre ici une mise en scène classique, sans finesse et parfois même sans aucune subtilité. Ce manque conséquent d'originalité lance ce film comme un train dans la nuit. On devine donc très vite une intrigue insipide et monotone, le conducteur nous aiguille avec un talent formel sur les rails de l'ennui sur lesquels se jouent des sentiments brouillons et des motivations confuses. Peut-être aurait-il fallu quelques embouteillages ou une sortie de route formelle pour donner un souffle à ce film.
On notera néanmoins comme souvent dans l'œuvre de Truffaut des idées fulgurantes sur le monde, exprimée avec un lyrisme dont lui seul détient le secret.
Alors, c'est peut-être dans cette très courte scène précisément que se trouve la poésie du film.
Sur la terrasse de la villa, Marion ironise sur une annonce matrimoniale dans le journal. Belmondo se lève et se lance dans un monologue qui révèle peut-être l'essence du film.
"Sauf que les gens qui utilisent des petites annonces sont des idéalistes. En 5 lignes ils essaient de transformer leur vie. Et dans ces 5 lignes, qu'ils passent des heures à rédiger, ils essaient de tout mettre... en quelques mots : leurs espoirs, leurs rêves, leur idée sur la vie, comme elle devrait être."
En fond, un paysage, un horizon, un crépuscule qui offre un nuancier de couleur incertain, mise en abîme des sentiments confus et instables de Marion, interprétée par Catherine Deneuve.