La Sirène du Mississippi (1969)
La Sirène du Mississippi n'est ni une franche déception ni une surprise extraordinaire car ma curiosité pour ce film de François Truffaud (sorti en 1969), au titre et aux acteurs séduisants, était très grande. La toute première partie est d'une platitude, voir d'une atonie monumentale qui décourage à de nombreuses reprises avant que le spectateur ne découvre très vite que La Sirène du Mississippi s'engage dans une direction plutôt étroite et complexe où la passion étrange et ambigüe des deux protagonistes est l'organe principal d'un récit au ton terriblement languissant mais recélant de multiples zones curieuses, à l'attrait étonnamment magnétique au fil que l'histoire progresse. Belmondo se distingue par un jeu moins théâtral et plus en retenu, plus en profondeur qu'à l'accoutumée où il se tourne les sangs pour une De Neuve qui semble parfaitement cristallisé la femme fragile, irrésistible, clairement indéchiffrable. Si l'histoire accumule les invraisemblances et suscite de nombreuses interrogations sans que notre lanterne soit vraiment éclairée, c'est aussi sûrement parce que l'on assiste au cauchemar éveillé d'un homme qui malgré l'imminence de la mort aurait continué à idéaliser l'image d'un amour fou, acharné, aveuglant mais intarissable. Mais personnellement je n'en garde pas un souvenir impérissable, loin de là.