J'ai bien aimé ce film mais que de regrets en imaginant ce qu'il aurait dû être.
Il ne faut jamais trop chercher la vraisemblance dans les histoires de passion et encore moins si elles sont policières.
Ce film se voulait sans doute romantique et sensuel. Le scénario et les personnages offraient l'occasion d'un grand film. Truffaut a fait le pari de confier le rôle de Mahé à Jean-Paul Belmondo. Un contre-emploi, c'est toujours un pari risqué mais qui, s'il est gagné donne des résultats formidables. Un homme à l'aspect fort se transforme en homme fragile, voire faible : le public n'a pas cru en Belmondo dans ce personnage et c'est ce qui a fait l'échec du film. Ce n'est pas le public qui avait tort. Le re-visionnage du film aujourd'hui confirme que Belmondo n'exprime pas la faiblesse : sans doute ce qu'on sait de l'acteur par ses rôles mais aussi par sa personnalité médiatique est plus fort que le talent du comédien.
Comme toutes les stars, Belmondo plait par sa personnalité propre. Il n'est pas un comédien de composition. A ses débuts, avec Léon Maurin prêtre, c'était encore possible en jouant neutre, car le personnage n'est pas dans l'excès. C'est ce qu'essaie Belmondo ici ; mais c'est insuffisant : car ici le personnage est dans l'excès, il dérive. On entend Belmondo réciter pour retenir son naturel « Bebel ».
Peu d'acteurs célèbres auraient pu tenir le rôle de façon crédible (Piccoli peut-être).
Catherine Deneuve au contraire est parfaite dans son personnage ambivalent, à la fois vénale, sincère et contradictoire. Mais il s'agit aussi d'un personnage à la fois faible et inconséquent.
La rencontre amoureuse de ces deux handicapés des sentiments ne pouvait les mener qu'à leur perte. Mais Truffaut les sauve et condamne son film à n'être qu'un petit polar sympa, ce qui, je suppose, n'était pas son ambition.
Il se rattrapera avec « La femme d'à côté ».