Sans être un chef d'oeuvre révolutionnaire et inclassable (surtout de la part du gars qui a pondu "les racines du mal" et "Babylon Babies"), "la sirène rouge" présente l'avantage d'être déjà un film d'action hard-boiled à l'état de roman. Cet ouvrage est tellement cinématographique, qu'à la limite on aurait pu sauter la case "adaptation" pour tourner le film directement à partir du texte original. Il contient même le découpage précis des scènes d'action, c'est pour dire.
La nullité du film n'en est que plus amère.
Ici les évolutions narratives et les prises de décisions sont pour la plupart ramenées à trois lignes de dialogue.
En gros:
"-J'suis un activiste clandestin. Je travaille pour une organisation dissidente aux ramifications complexes à travers le monde. J'ai pas intérêt à m'attirer des ennuis si je veux rester en vie et pas compromettre mes compagnons.
-Je suis une gamine de 12 ans, ma mère est une tueuse sanguinaire. Elle a lancé une armée de mercenaires surentrainés pour me retrouver, et la police me recherche dans toute l'Europe. Est ce que vous pouvez m'accompagner rejoindre mon père?
-OK!"
Ou encore:
"-Officiellement ce mec est mort. En tout cas on a pas de traces de lui depuis 3 ans. Comment on va le retrouver?
-Tiens, le mec qu'on vient de butter, il a un papier avec une adresse dessus.
-Il est surement là bas!"
Du coup, toutes les interrogations et péripéties qui dans le livre permettaient aux personnages de se développer et s'épanouir passent à la trappe. Ajoutons à cela que les acteurs ont manifestement reçu pour instruction de réciter leurs dialogues sans mettre la moindre intonation.
On passe deux heures à regarder des pantins désincarnés, et on assiste à se spectacle en baillant malgré les diverses fusillades.
Quand à la mise en scène, on dirait du sous-Tony Scott sans aucune nervosité.
Au final, je préfère de loin "Babylon AD". Parce que si Kassovitz a raté son film, il avait pour excuse d'avoir tenté d'adapter un livre inadaptable, avec des moyens inadaptés.
A contrario, Mégaton avait entre les mains un livre tout à fait adaptable, avec des moyens tout à fait adaptés (même les acteurs, s'ils avaient été mieux dirigé, auraient été à leurs places). A part son incompétence, je ne vois pas quoi/qui blâmer.