"La Sixième Partie du monde", allusion à la superficie de l'Union Soviétique par rapport aux autres terres de notre globe, cherche à réunir en un seul mouvement rythmique la diversité des peuples, des paysages et de certains modes de vie de ce nouveau Monde. C'est son ambition folle, son élan.
Une sorte de Symphonie du Nouveau Monde socialiste en quelque sorte.
Avec ses thèmes écrits ou non, ses leitmotiv en transformations progressives ou en réutilisation simple comme un refrain.
L'utilisation de l'écrit est bien sûr important, il s'agit bien d'une œuvre de propagande, il s'agit bien d'un poème où l'écrit se tisse sur le vu et vice versa.
Une propagande sans cynisme, venue d'un foi qui chante la diversité et s'en réjouit... mais qui semble tout de même appeler de ses vœux l'uniformisation socialiste.
C'est peut-être ici que la "naïveté" de Vertov trouve ses limites et cinématographiquement on sent à plusieurs reprises une difficulté récurrente dans le film à unir toutes ces hétérogénéités, résistantes à l'homogénéisation du fleuve d'acier en feu de l'industrialisation comme à celle du flux littéraire ou de la logique du montage.
Certains liens entre les images sont justes, d'autres plus faibles.
Vertov invente cependant ici une forme étonnante: catalogue ou reportage en utilisant toutes les expressivités du montage - rythmique, direct ou à distance, etc... - pour unir soviétiquement toutes ces images tournées au quatre coin d'un empire en construction et dont les dieux sont Lénine et la machine.