Bon, je ne suis pas facilement du genre à crier à la branlette intellectuelle dès qu'une oeuvre me dépasse mais ce film y ressemble clairement. Pourtant je n'ai pas peur de la rhétorique, j'aime le langage, les mots, les belles tournures de phrases mais là c'est à l'excès et ça vire au ridicule. Ok Guy Debord a semble t-il voulu s'employer à un exercice de style hermétique mais pour moi il y a un certain équilibre à garder si on veut être un minimum édifiant.
Parlons des mêmes images d'archives qui passent en boucle pendant 1h30 à l'écran (# Capitalisme, manifestations, passages à tabac, filles à poil, nichons, Lénine, Marx...etc) pour la subtilité et la nuance on repassera...
En fait j'ai le sentiment avec cette "société du spectacle" que ça se veut exagérément complexe pour ne pas avoir l'air d'enfoncer des portes ouvertes... Et il y a d'ailleurs un contraste notable entre le caractère pompeux exacerbé de l'écriture et les poncifs accumulés par l'imagerie pour le coup très simpliste et générique...
On peut présumer du parti pris cryptique de Debord qu'il est là pour n'être qu'un complément d'oeuvres d'autres auteurs pour qu'on puisse cerner davantage les enjeux politiques, sociaux, sociologiques et sociétales derrière l'industrialisation du spectacle mais le soucis c'est que je ne vois pas ce film comme un complément de quoique ce soit tant Debord n'argumente jamais sa réflexion, son propos, il n'explicite rien un minimum donc on reste sur la touche. Et ce n'est pas parce que tu remets en question la valeur cinématographique de ton métrage à travers un petit texte sur son rythme que ça y changera quelque chose...
Vu ce que dénonce ce film je ne dirais pas qu'il est élitiste vu qu'il veut informer la masse que le grand capital veut garder le statu quo et l'aliénation du peuple pour asseoir et garder sa domination à travers le divertissement mais franchement autant lire "Le prince" de Machiavel, ça sera plus intéressant. Lui était déjà un précurseur plus notable et visionnaire sur la question.