Le long documentaire(/film) est parfois lourd, c'est la marque de nombreux sociologues et économistes: la volonté systématique de définir l'objet et de developper une réponse argumentée dans la même intervention, sans coupe, ce qui rend la forme peu accrocheuse.
C'est donc un défaut (son pricipal) du documentaire dont je pense qu'il ne doit pas influer sur l'estime portée a ce documentaire, donc sa note.
Un second défaut réside dans le fond sociologique du documentaire, qui est je trouve décevant. De nombreux points sont abordés mais toujours au travers du prisme des médias, car le sociologue ne s'adresse jamais à la caméra qui filme ce documentaire, mais bien souvent à d'autres caméras ou acteurs. Ce sont des moments où sa pensée et systématiquement vulgarisée, donc en partie appauvrie, ou au moins dénaturalisée.
Il me semble (peut être à tort) qu'un long métrage était une excellente occasion d'entremêler des passages vulgarisés avec des passages moins nombreux mais plus développés, plus proches de ses écrits (que je n'ai pas lu mais qui sont peu accessibles), pour qu'il existe une transition entre la sociologie vulgarisée et la sociologie scolaire.
L'immense point positif du film est pour moi sa morale, merveilleusement amenée par le dernier débat du film, le rôle de chacun quant aux changements souhaités par les dominés. Chacun se renvoie la balle, puis on comprend le rôle de tous : les sociologues doivent s'engager davantage pour réduire les inégalités qu'ils travaillent à faire connaître, les dominés doivent prendre conscience de leurs points communs, s'organiser pour lutter davantage et plus efficacement, et on termine le film en réfléchissant à son propre rôle ce qui est peu surprenant pour un tel film diront certains, mais ce qui est surtout indispensable.
Vous l'aurez remarqué, l'analyse de la morale est (naturellement) très personelle et influe beaucoup sur la note donnée à la production. Si j'avais arrêté de regarder après 1h30, j'en aurais gardé un mauvais souvenir.
(Donc conseil: regardez en entier)