À partir de La Vengeance du serpent à plumes, la filmographie de Gérard Oury part terriblement en sucette et on peut avancer que ses six derniers films sont des navets en puissance. Cette Soif de l’or fait évidemment partie de la brouette. Le premier écueil dans lequel tombe Gérard Oury est d’avoir voulu faire de Christian Clavier le nouveau Louis de Funès. En lui offrant le rôle d’un personnage pingre et survolté, la volonté du réalisateur est manifeste. Pris au piège de l’outrance, le comédien s’enfermera, à partir de ce film, parfois dans des postures qui ne lui réussissent pas du tout. Mais taper sur le seul Christian Clavier serait injuste car, il faut le reconnaître, tous les acteurs (ou presque) sont mauvais ici. Que ce soit la grande Tsilla Chelton, la toujours fameuse Catherine Jacob ou l’excellent Philippe Khorsand, le ton du film conduit tout le monde au cabotinage. Et puis tous les personnages sont affreusement mal écrits.
Pas toujours très bien filmé, rendu hystérique par un montage serré et un scénario débordant de péripéties pas très inspirées, parsemés de gags fins comme de la béchamel, le résultat est vraiment fatiguant. Même la musique de Vladimir Cosma, reconnaissable entre mille, finit par être pénible avec ses quelques notes de synthé en boucle semblant sortir d’une série de seconde zone. L’ensemble se veut mécaniquement entraînant mais tous les traits sont tellement forcés que cela sonne terriblement faux. L’humour est franchement lourdingue et on sombre très souvent dans le mauvais téléfilm du lundi soir, à l’image d’un final qui n’hésite pas à franchir les limites du ridicule.
Hormis le joli minois de Marine Delterme, il y a vraiment peu de choses à sauver dans cette entreprise survitaminée aux gags éculés. Près de trente ans après sa sortie, le résultat est pire encore. L’illustration même de ce que peut être la mauvaise comédie française. Une bien mauvaise surprise quand on sait qu’elle est l’œuvre du duo formé par Gérard Oury et Marcel Jullian, habitués des grandes réussites du genre, mais une vingtaine d’années plus tôt.