Enorme ironie de l’histoire, il se trouve que j’ai revu « The Sum of All Fears » quelques heures avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine ! Ainsi, l’intrigue du film, tournant autour d’une potentielle guerre entre les USA et la Russie, paraissait peut-être réchauffée en 2002, cependant elle est aujourd’hui pleinement à propos…
Mais quid du film en lui-même ? On est dans un reboot de la franchise Jack Ryan. Exit Alec Baldwin et Harrison Ford, c’est au tour de Ben Affleck de reprendre le flambeau, dans une (ré)incarnation plus jeune du personnage. Ici Ryan n’est encore qu’un petit analyste de la CIA, plongé dans une intrigue orchestrée par des néo-nazis européens qui tentent de déclencher la Troisième Guerre Mondiale.
Le principal souci, c’est que le film souffre de la comparaison avec ses trois prédécesseurs. Malgré une histoire avec un gros potentiel, il n’a pas vraiment leur finesse géopolitique. Et si Ben Affleck est relativement convaincant en jeune analyste aux bonnes idées dépassé par les événements, il n’a pas la gravité et le charisme de Baldwin ou Ford.
De plus, le film ne propose pas de scène d’action digne de ce nom. Il y a bien une séquence osée, en particulier pour un long-métrage sorti quelques mois après les attentats du 11 septembre (cependant tourné avant !). Mais elle est sous-exploitée.
Il s’agit bien évidemment de l’explosion d’une bombe atomique en plein Superbowl (rien que ça !). Une très bonne idée spectaculaire, mais clairement pas assez graphique (on ne voit que quelques voitures et un hélicoptère balayés), et aux effets numériques vieillissants.
Néanmoins, l’ensemble n’est pas à jeter, loin de là. Malgré l’absence d’ambition politique du scénario (les terroristes arabes du roman ont été remplacés par les néo-nazis, plus consensuels), et un tout dernier acte un peu expédié, le film se laisse suivre sans mal.
L’intrigue est intéressante, Morgan Freeman est excellent en directeur de la CIA implacable, on trouve également un sympathique Liev Schreiber en John Clark, et la mise en scène est professionnelle. On remarque d’ailleurs un contraste amusant entre l’exercice de crise du départ, qui remplit volontairement les clichés hollywoodiens du genre (acteurs stoïques, président noble…), et la vraie crise dans le dernier acte, plus réaliste et filmée caméra à l’épaule.
Etonnement, malgré le succès au box office, Ben Affleck ne rempilera pas dans le rôle, qui subira un nouveau reboot 12 ans plus tard.