Disponible depuis quelques jours (17 septembre) en Vidéo A la Demande, « La souffleuse de verre » sera disponible à partir de demain (22 septembre) sur supports DVD et Blue Ray. « Enfin ! » peut on s’exclamer puisque ce téléfilm allemand a été diffusé le 9 décembre 2016 sur la chaîne franco-allemande « Arte » et trois jours plus tard sur la chaîne allemande « ZDF », commanditaire de l’oeuvre (raison pour laquelle il se classe entant que téléfilm mais vaut largement plus que grand nombre de films sortant en salles).
Conçu comme un programme de « pré-noël », il est tout aussi intéressant à regarder le reste de l’année. Alors, parce que nous lui trouvons trop de qualités pour le négliger, nous saisissons l’occasion de sa sortie sur supports pérennes pour le mettre en avant par le présent article.
Synopsis
Noël 1890, dans la forêt de Thuringe. À la mort de leur père, souffleur de verre, Johanna et Marie se voient contraintes d’accepter des emplois ingrats et mal payés pour survivre. Mais elles nourrissent un rêve secret : relancer l’atelier de verrerie paternel. Un pari insensé dans cet univers dominé par les hommes. Confrontées à l’injustice, les deux sœurs vont devoir se rapprocher et trouver ensemble la force de se rebeller.
Tourné à Prague (République Tchèque, ndlr) et ses environs du 8 mars au 16 avril 2016, pour les programmes de « pré-noël » des chaînes de télévision « Arte » (France-Allemagne) et « ZDF » (Allemagne) – qui en est le commanditaire et producteur -, « La souffleuse de verre », réalisé par Christiane Balthasar est bien plus et très nettement mieux que ce à quoi il était destiné. Avec cette adaptation du roman éponyme correspondant au premier tome de la trilogie écrite par Petra Durst-Benning, scénarisé par Léonie-Claire Breinersdorfer, la réalisatrice nous propose bien plus qu’un « joli film d’époque », en costumes et décors naturels – très bons, au demeurant. C’est l’histoire tristement connue par l’immense majorité de la gent féminine depuis, au moins, l’apparition de la première civilisation dont elle nous parle. Qu’il s’agisse de la tutelle masculine sous laquelle les sociétés placent les femmes, les viols au nom de l’impossibilité pour une femme de vivre de façon indépendante sans être, forcément une putain, de la violence domestique ou encore, ici, de ce fameux « plafond de verre » qu’est l’empêchement pour une femme d’accéder à certains métiers et/ou postes à responsabilité au nom d’un « c’est un métier d’homme », « c’est interdit aux femmes de bonnes mœurs »
Décidant, comme nous le faisons assez rarement, de ne point trop en dire sur ce film (il vaut, à tous les niveaux, bien plus qu’un très grand nombre de films « officiels », raison pour laquelle nous lui donnons ce qualificatif bien qu’il soit, techniquement, un « téléfilm ») afin que toute personne qui, lisant notre article avant de le voir, puisse plus pleinement le découvrir – et donc le savourer -, nous terminerons simplement en faisant savoir que, bien que des moments très durs soient présentés dans ce film, ils ne sont pas présentés de façon ni « visuellement attirant » pour donner envie d’en faire autant (nous pensons particulièrement à la scène de viol), ni « spectaculaire », ni avec une surcharge de dramatisation, de pathos où quoi que ce soit de ce genre. Le but clairement visible de la réalisatrice est de montrer que être victime n’est pas une fatalité et que c’est en refusant de s’y complaire (ainsi que dans son discours) que l’on devient une personne libre – en l’occurrence, une femme libre, pour ce film -, mais en c’est à force de volonté, en croyant en soi et en ses capacités propres – ne comptant pas sur une loi égalitaire et non basée sur l’égalité – que l’on brise les chaînes de l’esclavage, de quelque type qu’il soit et, encore mieux, cela vous libérera, aussi, du sentiment de haine que l’on cache derrière le mot « vengeance » et qui fait devenir bourreau et/ou esclavagiste soi-même, en prétextant la Justice !
Alors, n’attendez surtout pas noël pour voir « la souffleuse de verre » ! Vous aurez bien assez de l’envie de l’offrir à quelqu’un le 25 décembre…
Christian Estevez
N.B.: critique publiée sur le site de "FemmeS du Monde magazine" le 21 septembre 2020.