• plus subtile qu'une simple opposition manichéenne ancien paganisme / christianisme : réflexion sur la part d'innocence en chaque être (plus qu'une opposition entre Karin et Ingeri, civilisation/sauvage, deux facettes d'une même féminité faite de pulsions et de refoulement/d'intériorisation des normes ; aussi une pureté farouche vs. coquetterie superficielle de Karin)

  • transmission du mal comme un virus qui, tuant (physiquement ou symboliquement) son hôte (lequel retrouve donc toujours une certaine forme d'innocence), est condamné à errer d'être en être : retournement permanent (mort dans celui qui met à mort, sorte de résurrection christique des deux violeurs et assassins dès qu'ils sont morts)

  • mise en scène des corps morts : "christisation" des corps les plus vils, "ophélisation" de la jeune fille

  • métaphores visuelles plus ou moins subtiles : fumée qui s'échappe dans le ciel (délivrance ignorée dans la mort et la dissolution entropique), brebis (égarée, bouc émissaire, agneau sacrificiel), la plus intéressante peut-être celle de la grenouille : au delà du symbole traditionnel de la sorcellerie et du paganisme impie, référence à Aristophane et réflexion sur destin/damnation du théâtre ?, surtout symbolise union entre l'eau et la terre (cf. titre "La source"), sorte de forme de vie préhistorique

  • théodicée ? réflexion assez traditionnelle sur le mal et le silence de Dieu, mais incarnée de manière assez pure, sans compter l'extrême grandeur d'âme qui transparaît notamment du personnage de la mère (qui voit dans l'enfant lié au bandit la même innocence que dans sa fille assassinée)

  • scène de viol (dans autres films vus : Dogville, Irréversible ...), voir Rashomon ; absence de dramatisation, forme de "pureté" dans la manière de filmer cette pulsion destructrice, pas d'insistance inutile sur le contraste entre pureté cristalline (eau ?) de Karin et saleté (terre ?) des bandits, au contraire union dans un temps ancestral du conte (énumération en blason de ses parties du corps comme dans le Petit Chaperon Rouge : «[…] Que la demoiselle a un cou gracile.-C’est pour mieux faire étinceler l’or de mes bijoux. »)

  • photographie de Sven Nykvist // Le Sacrifice de Tarkovsky, notamment scène du déracinement de l'arbre

ElsaShao
7
Écrit par

Créée

le 12 mars 2021

Critique lue 105 fois

Elsa Shao

Écrit par

Critique lue 105 fois

D'autres avis sur La Source

La Source
Sergent_Pepper
8

Le désordre et la foi.

Bien des films de Bergman peuvent être présentés comme des fables, dont la morale fluctue en fonction de son état d’esprit, plus ou moins ouvertement pessimiste. La Source est sans doute l’un de ses...

le 13 nov. 2017

32 j'aime

8

La Source
corumjhaelen
10

Critique de La Source par corumjhaelen

Bergmanien acharné, La Source fait partie de ses quelques films du Maître que je classe juste en dessous de ces deux chefs d'oeuvre que sont Cris et Chuchotements et Personna, et nettement au-dessus...

le 24 mars 2013

24 j'aime

2

La Source
Gand-Alf
7

La passion d'une jeune pieuse.

Oscar du meilleur film étranger en 1961, "La source" d'Ingmar Bergman, inspiré d'une légende suédoise du quatorzième siècle, fut longtemps considéré comme une oeuvre mineure, le cinéaste lui-même...

le 27 janv. 2015

21 j'aime