Quelque part au Maghreb dans un village montagneux et aride, cinq jeunes femmes en tenue berbère, longue jupe fleurie et foulards retenant leurs cheveux, progressent avec peine sur une pente caillouteuse, chargées de seaux qu'elles vont remplir à la source de vie.
Rires et plaisanteries fusent, brusquement interrompus par la chute brutale d'une des femmes à la grossesse bien avancée : gros plan sur le visage sombre de la jeune femme regardant d'un oeil morne le filet de sang s'écouler sur sa jambe.
Un accident, un de plus, qui va être le déclencheur d'une prise de conscience chez Leila, mariée par amour à l'instituteur du village le doux et beau Sami, qui forte de son savoir grâce à un époux qui l'a éduquée et la considère toujours comme "sa Princesse", va convaincre les femmes d'organiser leur résistance au sein du village.
Un film qui se veut un hymne à la femme, à sa beauté, à l'amour, non pas viol légitimé par le mariage, mais union de deux êtres, de deux personnes libres et responsables, et non du maître et de l'esclave.
Une grève de l'amour décidée et entretenue par l'humour irrésistible de "Vieux fusil", personnage haut en couleurs dans le village, veuve qui n'a pas froid aux yeux, capable de gifler sans vergogne le fils qui a failli, incarnée par la grandiose et atypique actrice algérienne Biyouna.
Une réalisation tout en chants, danses et couleurs bigarrées où Leila, Loubna ou Rachida, magnifiques Leila Bekhti, Hafsia Herzi et Sabrina Ouazani s'affirment comme des résistantes de charme, clamant haut et fort leur condition de femmes à part entière, refusant de subir plus avant le joug des mâles comme leurs mères, jadis tout entières soumises à leur pouvoir.
J'ai beaucoup aimé.