Un oasis dans un verre d'eau
Après lecture du pitch de "La source des femmes", on se dit que Radu Mihaileanu va signer une gentille et sympathique fable féministe. Et on ne peut s'empêcher de rapporter à l'actualité et au printemps arabe. Ou comment une nouvelle génération jeune et dynamique ose enfin s'élever contre des traditions et des inégalités en place depuis des décennies voire des siècles.
En effet, ce film nous conte l'histoire de jeunes femmes vivant dans un village du Maghreb désireuses faire changer les traditions patriarcales et arriérées trop fortement ancrées dans les mentalités des hommes.
Si les intentions du réalisateur sont louables, les moyens utilisés sont peu adaptés. Radu Mihaileanu se noie dans une accumulation de clichés et de conventions qui, au final, vont véritablement desservir à la fois son scénario et la cause qu'il défend.
Durant un peu plus de deux heures, on va ainsi passer en revue l'éventail de toutes les inégalités entre l'Homme et la Femme dont souffre l'Islam contemporain : port du voile, virginité avant le mariage, mauvaise interprétation du Coran, liberté d'expression, différences d'éducation, mariages forcés ...
Le problème est qu'à force de vouloir tout défendre, tout dénoncer, "La source des femmes" n'explique rien et survole tout, tant et si bien (ou plutôt mal) que le manichéisme le plus primaire prend bien souvent le dessus, estompant une réalité bien plus complexe mais néanmoins alarmante et surtout actuelle.
Au final, le naufrage est sauvé par l'interprétation de ses actrices, la sublime Leïla Bekhti en tête. Elle irradie le film par son sourire magnifique et son regard vibrant et réussit l'exploit à rendre crédibles bon nombre de situations pour le moins "capillotractées".
En bref, cette "source des femmes" se noie plus dans verre d'eau qu'elle n'est un oasis dans le désert...