Fellini et le néoréalisme, où le monde du spectacle itinérant sur fond de fatalisme. On suit Zampano, forain ambulant qui achète Gelsomina, une fille au physique atypique, sorte de Charlot au féminin... De sa bouille mélancolique elle va tenter d'apprivoiser le monstre de foire, homme rustre qui ne montre pas ses sentiments. Derrière la poésie et les clowns, en filigrane, se dessine une réelle violence, brute et physique autant que morale et sociale. La différence physique entre Zampano (Anthony Quinn superbe) et la frêle Gelsomina (Giulietta Masina merveileuse) n'est pas sans rappeler La Belle et la Bête, le conte de fée en moins... Outre la qualité de l'interprétation et la magnifique mise en scène de Fellini on est envouté par la musique sublime de Nino Rota (un des plus grands), elle nous trotte encore dans la tête bien après le mot fin. Pas de bourgeois dans cette histoire, mais des petites gens comme on dit, qui font ce qu'ils peuvent pour survivre et atteindre un temps soit peu le bonheur... Chef d'oeuvre.