En cette période d'Occupation humiliante, l'évocation hagiographique et consécutivement patriotique d'un grand français avait sans doute l'utilité d'adoucir la défaite. Mais d'un point de vue cinématographique, le film de Christian-Jaque est franchement fadasse et emphatique. Dans sa composition de l'artiste incompris, de Berlioz le maudit puis de Berlioz enfin reconnu, Jean-Louis Barrault en fait des tonnes. Cautionnant le talent de Berlioz par la présence des Hugo, Mérimée et autres Delacroix, Christian-jaque fait la démonstration sans retenue du génie français.
Cette biographie ultra romancée de l'auteur de la Symphonie fantastique s'en remet à un anecdotisme insignifiant pour évoquer l'oeuvre et la personnalité de Berlioz. Les tracas sentimentaux du musicien et son orgueil face aux éditeurs tiennent en effet une place trop prépondérante (et réductrice) pour qu'on accorde quelque crédit à une biographie d'un autre âge. Et, paradoxalement, ce film, qui vante le modernisme de Berlioz et dénonce le conformisme de l'époque, appartient à cette "qualité française", particulièrement médiocre ici puisqu'elle est loin de témoigner de la vérité 24 fois par seconde pour reprendre l'aphorisme d'un héraut de la Nouvelle Vague.