Troisième partie de la saga de La Femme Scorpion, La Tanière de la bête est l'épisode qui s'affranchit le plus des codes instaurés par le premier opus. Le film quitte le milieu carcéral pour un décor urbain où l'on retrouve une Nami libre mais obligée de vivre comme une fugitive. S'il n'est pas question de cachot ici, la ville elle-même est assimilée à une prison. On le constate notamment à travers le personnage de Yuki, jeune femme pour qui notre héroïne va se prendre d'amitié. Pauvre, obligée de se prostituer pour survivre, Yuki est le symbole même de la femme japonaise qui a depuis longtemps cessé de se battre contre la pression sociale. Métaphore de ce renoncement total, elle entretient une relation incestueuse avec son frère, déficient mental. Imperturbable pendant leurs ébats, elle est un réceptacle sans vie à ses désirs.


Ici, c'est la misère qui est dénoncée par Shun'ya Itô, comparant la société japonaise à des proxénètes exploitant les plus démunis. On retrouve cette analogie dans un montage mettant en parallèle un avortement forcé et un autre apparemment volontaire mais contraint par la force des choses. De ce fait, le discours féministe est toujours présent. Nami, témoin d'un acte de barbarie sur une femme, revêt à nouveau ses habits d'ange vengeur. Grande première dans la série, la femme scorpion usera de tortures psychologiques pour arriver à ses fins, dans un final truculent.


Visuellement, cet opus est le plus sage — Shun'ya Itô voulant ancrer son film dans la réalité de l'époque — bien qu'il nous réserve quelques plans poétiques (une pluie d'allumettes incandescentes) ou au contraire cauchemardesques (des jets de sang sur des murs et draps blancs). S'évertuant à s'éloigner des deux premiers épisodes, ce troisième opus ne fut pas du goût de tout le monde et notamment des producteurs de la Toei qui ne firent pas appel à Shun'ya Itô pour les prochains films de la série. Il n'en demeure pas moins un excellent épisode possédant son propre style et, en ce qui me concerne, mon épisode préféré. Poignant !

MajorTom
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films d'action avec une héroïne et Les meilleurs films de 1973

Créée

le 4 janv. 2011

Modifiée

le 25 juil. 2012

Critique lue 658 fois

4 j'aime

MajorTom

Écrit par

Critique lue 658 fois

4

D'autres avis sur La Tanière de la bête

La Tanière de la bête
real_folk_blues
5

Wonder bras

Dans ce troisième volet, Ito s’affranchit une fois de plus des murs du pénitencier pour bâtir une métaphore de l’emprisonnement encore différente de la précédente. Si dans le deuxième Sasori la...

le 8 oct. 2012

10 j'aime

1

La Tanière de la bête
MajorTom
8

Critique de La Tanière de la bête par MajorTom

Troisième partie de la saga de La Femme Scorpion, La Tanière de la bête est l'épisode qui s'affranchit le plus des codes instaurés par le premier opus. Le film quitte le milieu carcéral pour un décor...

le 4 janv. 2011

4 j'aime

La Tanière de la bête
AMCHI
2

Critique de La Tanière de la bête par AMCHI

Un peu déçu par les 2 premiers Femme Scorpion j'ai quand même regarder La Tanière de la bête qui contrairement aux autres se vautre quasiment dans une certaine médiocrité. Ici c'est du cinéma...

le 28 févr. 2015

2 j'aime

Du même critique

Alien - Le 8ème Passager
MajorTom
10

"Perfect organism"

Entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, le cinéma américain est arrivé à un point où la technologie est en capacité de donner vie aux récits ambitieux des auteurs de science-fiction...

le 8 nov. 2011

30 j'aime

2

La Femme Scorpion
MajorTom
8

Critique de La Femme Scorpion par MajorTom

Icône de la pop culture japonaise qui trouve ses origines dans un manga culte, La Femme Scorpion a gagné, au fil des ans, la réputation d'un film déviant, digne représentant du cinéma bis des années...

le 4 janv. 2011

28 j'aime

2

Vendredi 13
MajorTom
4

Critique de Vendredi 13 par MajorTom

Soyons honnête : face à Halloween ou aux Griffes de la nuit, Vendredi 13 a toujours été le parent pauvre. A l'inverse de John Carpenter (Assaut, The Thing, Christine...) et Wes Craven (La Dernière...

le 23 févr. 2011

27 j'aime