"Chef : le prisonnier n°5 demande l'autorisation de franchir la ligne."
Découverte d'un cinéaste passionnant avec The Brig : Jonas Mekas brouille les repères entre fiction et réalité et nous livre un court long métrage d'une puissance redoutable, à la violence concentrationnaire poussée à bout. Le résultat tient en un seul mot : efficacité.
En dépeignant quelques heures du quotidien de 10 détenus d'un Camp de Marines avec et dans le plus simple appareil ( une caméra à l'épaule et du Noir et Blanc 16mm à l'appui, une bande-son crachotante et un décor unique ) Jonas Mekas filme les humiliations, les sévices et le trop-plein de discipline perpétrés sur le groupe de prisonniers : c'est Full Metal Jacket avant l'heure, sans l'humour ni la dimension spectaculaire. Le caractère redondant, obsessionnel des situations représentées par Mekas en font un film-concept à la rudesse particulièrement concrète, jamais loin du documentaire et/ ou du reportage...
Ni plus ni moins qu'un très bon film, dont l'économie de moyens en forme logiquement la force réaliste. Dur et sans compromis The Brig est une tragédie du quotidien élégamment puissante, un conte de la folie ordinaire proprement terrassant. A exhumer de l'oubli.