Avec La Taupe, le réalisateur Thomas Alfredson renoue avec l'espionnage classique, genre délaissé depuis quelques années à l'avantage des productions spectaculaires. Ici, l'intrigue demande toute l'attention et fait appel à l'intelligence du spectateur puisqu'elle est ultra complexe avec de multiples noms de codes, flash-back, de quoi vous perturber si vous montrez le moindre signe de déconcentration. Moi-même, j'avoue m'être perdu, mais rassurez-vous je n'étais pas le seul dans cette situation en sortant de la salle, (un film qui se doit d'être vu plusieurs fois pour comprendre pleinement l'intrigue et les subtilités). Il n'en demeure pas moins que nous suivons avec grand intérêt les péripéties pour découvrir qui est la taupe dans une atmosphère glaciale avec une tension qui monte crescendo.
Par ailleurs, Thomas Alfredson parvient à traiter une dizaine de personnages sans s'encombrer de plans inutiles, répétitifs. Il tire également profit des éléments géométriques de son espace pour donner des plans d'une esthétique totale. Mais La Taupe ne serait pas grand-chose sans le montage de Dino Jonsater qui arrive à jongler entre les différentes temporalités sans rendre le film indigeste. On ne peut également pas passer à côté du casting en or massif avec des acteurs sensationnels, notamment Gary Oldman qui est le pivot de l'intrigue et nous laisse pantois face à sa prestation.
Si on accepte de s'impliquer et de faire preuve de concentration, alors c'est vraiment un grand moment de cinéma !