Tinker, Tailor, Soldier, Spy (on va lui préférer ce titre à La Taupe" qui confusément rappelle de mauvais souvenirs auditifs que je ne qualifierai jamais de musique) est d'une perfection formelle bluffante. Cadrage, photographie, montage, rythme à la pulsation savamment diluée dans ce qui pourrait passer pour de la mollesse, pour mieux se révéler implacable.
Le scénario est classique dans le genre du film d'espion, enfin, si on se sort du crâne les poncifs 007. Point de courses poursuites ou de coups de feux, ici tout est dans le feutré, l'observation et les machinations. Smiley, incarné par une excellent Gary Oldman, fraîchement mis à la retraite se voit chargé de dénicher une brebis galeuse au sein du MI6, une taupe haut placée au service des soviétiques.
Le film est dense, c'est indéniable. L'absence de scènes d'actions en tant que tel fait que tout ce qui se déroule devant vos yeux participe à l'avancée de l'histoire. Donc évitez de piquer un somme, même et surtout les fréquents flashbacks. Ce n'est pas compliqué à suivre pour autant, pour peu que vous ayez vite retenu les noms des personnages.
Un seul léger souci avec Tinker, Tailor, Soldier, Spy...
Un casting qui révèle trop vite la fameuse taupe. Dans les cinq premières minutes dans les faits. J'ai peut être été le seul à me faire la réflexion mais quand j'ai vu Colin Firth, banco, c'était lui. On ne signe pas un acteur tout juste auréolé d'un oscar pour lui refiler un second rôle. Zut et flute. J'ai également trouvé ses motivations de trahison un peu surfaites.
Enfin, c'est bien pardonnable. Tinker, Tailor, Soldier, Spy est un très bon film d'artisan du cinéma. Ça ne vous titillera pas l'émotionomètre outre mesure, vous n'aurez pas de montée d'adrénaline, pas même un nœud au cerveau à dépiauter le scénario. C'est une distraction intelligente, une plongée de facture réaliste dans un univers de guerre aux fleurets faussement mouchetés qui vaut le détour.