Le MI6 est certainement le grand gagnant de la seconde guerre mondiale, non seulement pour la part qu'il y a prise, mais aussi pour les bénéfices qu'il en a tiré.
Les anglais semblent avoir des dispositions naturelles pour l'espionnage. Ils paraissent très doués pour la manipulation, le double jeu et paraissent tirer une grande satisfaction de la nage en eaux troubles (le nuage de lait dans le thé?). C'est ce qui ressort de l'ensemble des romans de John Le Carré. Dans ces parties, les joueurs sont rarement ce qu'ils paraissent. Les romans sont donc difficilement adaptables au cinéma sans une certaine simplification.
Smiley le mal nommé est le héros récurrent de John Le Carré dans la guerre froide que livre la Grande Bretagne au bloc de l'Est. Tomas Alfredson rend très bien l'ambiance lourde et feutrée des affrontements de salons, pourtant mortels. En tout cas, c'est une réussite avec une pléïade d'excellents acteurs anglais tous plus justes les uns que les autres, en tête desquels Gary Oldmann livre une prestation bluffante dans un registre nouveau.
C'est une réussite parceque John Le Carré (comme Pierre Nord en France) sait de quoi il parle et que Tomas Alfredson a très bien su restituer l'ambiance de ce microcosme très fermé où les protagonistes ont plus d'affinité avec leur adversaire qu'avec leur épicier, où l'on peut être amené à trahir par idéologie, mais plus encore par l'amour du "grand jeu".
Ce film est intéressant aussi car il nous montre un espionnage très intellectuel, avant que certains services ne se laissent aller aux facilités des yeux dans le ciel et des oreilles numériques. Je recommande à ceux que cela intéresse de le comparer avec "Mensonges d'état" de Ridley Scott.
Enfin, ce film s'inspire d'évènements réels et plus graves encore survenus en Grande Bretagne. Pour plus de renseignements, cherchez "les cinq de Cambridge" sur internet.